Indiscretions et mutineries

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février 21, 2013
par myel
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L’apprentie cinéphile

Je n’ai pas vu Star Wars, je n’ai pas vu Le seigneur des anneaux, La grande vadrouille, Pretty Woman, Men in Black, Rocky, Scream ou Les bronzés. Je confonds les noms des acteurs, m’importe peu la réputation des producteurs ou réalisateurs… J’ai aimé des films pour eux-mêmes, parce qu’ils m’ont marquée, divertie, influencée, parce que j’en ai bu les émotions à la bonne occasion…

Je ne suis pas cinéphile, ma culture est à bâtir image par image.

A dix minutes à pieds de mon nouvel appart’, il y a deux cinémas. Trois si je marche cinq minutes de plus. N’était-il pas siii tentant d’en faire des annexes de mon petit salon ? J’ai craqué pour une carte illimitée, des histoires où plonger à volonté pendant un an.

J’ai craqué aussi pour cette page toute blanche, à personnaliser dans les jours à venir, pour vous raconter mes rencontres, les réactions de mes yeux de novice, les essorages de mon éponge d’esprit…

Vous débarquez ? Bienvenue. J’arrive aussi tout juste : posons nos valises au sixième rang, fauteuils du centre, pour cette expérience de projection.

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

février 21, 2013
par myel
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Ce n’est plus Paris mais…

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Trois jours à Lille. Ou devrais-je dire, lilloise depuis trois jours. Finis les “j’habite à 100 m de la capitale, mais je n’y mets pas si souvent les pieds”, bienvenue centre-ville-de-province, où je suis née mais sans jamais y habiter.

Bien sûr ce n’est plus Paris mais…

* quand j’ouvre les grands rideaux j’ai vue sur un théâtre

* il n’y a pas juste un japonais dans la rue voisine mais deux face à face, on peut aussi manger chinois, italien, indien, thai, africain, étoilé guide michelin, porc, bistrot, il en manque certainement

* trois cinémas (illimité) sont accessibles à moins de 15 minutes à pieds, c’est mieux que le programme télé, rajoute à mon salon des mètres carrés

* monoprix est ouvert jusque minuit, même le franprix du coin fermait plus tôt que ça

* on peut aller à ikea en métro (tout automatique), et se faire expliquer le montage d’une table lack par une dame aux sucettes sur le train du retour (tu mets les pieds, tu tournes : c’est facile même pas besoin de tournevis)

* les touristes visitent aussi la province : j’entends parler anglais, flamand, japonais… allant même jusqu’à renseigner en vo des chercheurs de taxis pour l’aéroport dans la nuit (bonne chance…)

* on peut faire avec un ticket unique un trajet correspondant tramway-métro-bus sans limite de durée, je me sentirais presque en fraude

* les passants ont tous l’air d’être un peu moins riches, un peu moins fiers, un peu plus humains

* le plus chouette c’est qu’il fait beau ces jours-ci, à la façon des gens du nord : qu’importe le froid tant qu’on voit le soleil

* d’ailleurs je n’ai même pas encore allumé le chauffage dans l’appartement, tellement le soleil tape dans les vitres et serre la pièce…

Welcome to the world ? Même pas peur !

( crédit photo Benoit Poix, galerie Lille été 2012 )

février 19, 2013
par myel
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Stupeur et tremblements #3

Fin du compte à rebours. Avant d’être figée sous la neige, avant l’étonnante soirée de la mi-fin-janvier, il y eut cet après-midi où mon corps s’est mis à faire trembler, mon esprit stupéfait.

J’étais depuis quelque temps sur un balancier, rêvant de deux côtés : l’engagement, la liberté. Face à la réalité du premier je suis sortie marcher, dans le froid pour convaincre ma tête que les frissons venaient, du dehors mais ça n’a pas marché. Je suis revenue apaisée, calmée par cette capacité d’abstraction des réalités qui me met “hors de moi”.

J’y suis restée dix jours, ou plus, ou moins, je n’ai plus rien compté de cet état de suspension maladive quand il s’est mis à vaciller. J’y étais plongée objectivement depuis un an, ou plus, ou moins : vraiment j’avais déjà cessé de mesurer.

C’est sans trembler que ce que j’appelle “les brouillons de mars” se sont déroulés, commencés détachée, filant dans les larmes, dévalant vers le flou, voulant juste tout reconstruire. Apprendre à se construire. Sans appui, sans attaches. En tentant de blesser le moins possible autour, le moins possible restant nécessaire : délier les attaches, bousculer les appuis, s’effacer des contours…

Dans un cocon tout blanc je reprends la plume, m’agite sur le clavier, une machine à écrire dans le champ de vision. Dans le programme post-stupeur-et-tremblements il y a entre autres libertés celle d’écrire à tout moment : cette écume en est le bourgeon.

janvier 24, 2013
par myel
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Ne me laisse pas t’échapper

Il est entré chez moi par effraction, en traversant les vitres des baies. Je l’ai repéré quand il avançait dans la cuisine, j’étais en haut de l’escalier. C’était un homme banal, un cliché, un standard. Et je n’avais pas très peur à le voir, ce n’était qu’un cauchemar.

Il est entré chez moi pour voler, me voler. Kidnapper, séquestrer. Une intention violente et inquiétante enveloppait ses gestes : il cherchait, me cherchait.

Quand il a entrepris la montée des marches, je ne me suis pas enfuie, pas cachée, je voulais tout savoir. Qu’il me saisisse, me soulève, me renverse et m’attache, m’emmène dans sa tanière ou me ligote dans mon propre salon. Savoir.

Mais j’ai vu dans ses yeux la crainte et même de la douceur. Il a reculé, voulu s’échapper. J’ai crié : “Non !”, j’ai attrapé ses bras, je m’y suis jetée j’ai dit : “Maintenant tu restes là !  Tu t’amuses avec moi..”. J’ai mis toute ma force à le retenir, à lui expliquer les principes du piège, et qu’on n’effraie pas les jeunes filles pour si peu, pas comme ça, sans froncer les sourcils, en montrant ses faiblesses.

J’ai fermé les yeux très très fort pour que les parois du couloir se serrent sous mes paupières. Pour ne pas m’éveiller. Rester coincée dans ses bras stupéfaits.

janvier 21, 2013
par myel
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Stupeur et tremblements #2

Avant l’attaque de la neige dans le cœur, il y eut l’étonnante soirée de mercredi dernier. Dans la lignée de l’instinct qui s’éveille en ce début d’année, qui murmure d’être là maintenant, qui dicte au corps de se manifester. C’est rassurant de sentir son existence, à l’instinct ; c’est inquiétant, d’observer le danger dans toutes ces directions. Avant d’y voir plus clair, risquons des billets “stupeur et tremblements” à rebours. Rapport à la stupeur, et aux tremblements, ceux de la vraie vie pas ceux d’un roman.

Avant l’attaque de la neige dans le cœur, il y eut l’étonnante soirée de mercredi dernier. Les échos de l’adolescence la veille en voyant passer les mots-clés “Longueur d’ondes” et “Nosfell” dans un fil d’actualité. La promesse d’une foule, d’un nouvel lieu parisien, de découvertes musicales, d’un peu d’air et d’ailleurs. De s’oublier. Ou de s’y retrouver. L’instinct c’est toujours brouillard-brouillon dans ses intentions.

Sans savoir dans quel plat mettre les pieds j’y suis allée. Tressée, avec mon t-shirt madrilène pour fêter le retour du soleil sur Paris, du ciel dégagé même la nuit. Tressée mais zen. Tremblant qu’à cause du froid.

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C’est parfois difficile de conter sans rien dire, de saisir les effets, sans citer les faits. Surtout pour une adepte religieuse des signes, et du hasard. 

Disons que c’était une soirée surprise, que dans la foule j’ai été frappée de stupeur mais m’en suis ressaisie, que le lieu fonctionna comme un jeu de piste où l’on tire des cartes, que musicalement il y eut des remous comme des moments de grâce, que l’air était frais dehors et d’ailleurs dedans j’étais un peu perdue, j’ai suivi le mo(uve)ment, parlé à trop de gens pour ma moyenne, et presque sans trembler.

Sur un fond de gingembre-orange au milieu de la nuit, j’avais oublié que j’étais venue pour rien, que le programme c’était de retrouver personne, que l’instinct avait soufflé sur cette soirée des ondes si z’inattendues, qu’il aurait été fou de les regarder s’allonger, sans s’y laisser porter.

Finalement je peux citer un fait bien concret, bien que sensible : toute la salle s’est figée sur les deux titres de Nosfell, comme envolée. L’hypnose d’un coup de cœur d’il y a huit ans que j’étais venue, c’était le seul but avoué de la soirée, renouveler.

janvier 20, 2013
par myel
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Stupeur et tremblements #1

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Mon cœur tiraille. Je fais des cauchemars d’avc, des semi-rêves de battements à tout rompre, et dans la vraie vie parfois ça s’emballe éphémère. Nouvelle manifestation d’angoisses tapies ? Dans l’ombre et prêtes à bondir, à rugir ?

J’ai cru vendredi soir que j’allais mourir sous les flocons, vraiment. Quand l’instinct m’a murmuré d’aller se promener de nuit sur la neige fraîche comme un caprice et car la lumière était belle comme le jour, quand je me suis vêtue et maquillée pour sortir comme si c’était fête, quand dans le parc de la Cité Universitaire j’ai senti comme un fouet ces coups électriques à se clouer sur place, à s’arracher la poitrine qui ne cessaient pas.

J’ai pensé que ce n’était pas si mal, de tomber là dans ce décor immaculé. A choisir, c’est mieux qu’une crise dans le métro sur la ligne 5 un jour de grisaille fadasse.

Je n’ai pas été pour autant déçue quand ça s’est apaisé, j’ai eu la trouille en voyant revenir la douleur à chaque pas de plus, avant que tout ne se calme vraiment.

Sauf la neige sur les cils, et sur mon chapeau des années folles, et sur ma robe rouge à souhait. Je n’avais plus peur de rien puisque j’étais vivante.

(oui j’irai voir un médecin prochainement, au cas où)