Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

No

avril 1, 2013
par myel
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Six films, autant d’expériences

Oui j’ai pris du retard, c’est la faute d’aller voir des films tard, je n’écris pas le soir même puis le lendemain est bien rempli, puis j’enchaîne sur un autre film puis…

au_bout_du_conteJ’avais choisi Au bout du conte à cause d’une petite forme, pas confiance en mes yeux pour suivre les images + lire des sous-titres pendant trois heures (Cloud Atlas). En sortant j’étais frappée par le fait que les films français sont associés dans mon esprit au théâtre plus qu’au cinéma. Je généralise car d’autres auparavant m’ont fait le même effet, mais ce film en particulier tire exprès sur cette corde : celle du jeu, des rôles, personnages comme des marionnettes glissant d’un conte à l’autre, on voit tout venir mais qu’importe, les couleurs des caractères, des répliques sont saturées mais qu’importe, on est prévenu c’est un conte, pour adultes en bohème, pour princesse parisienne. Joli moment.


cloud_atlasAprès Cloud Atlas je m’étais promis d’écrire un article sur ces effets théâtre, et cinéma.
 Dans les nuages on plonge totalement dans le Cinéma : grands effets, réalisation reléchée, maquillage à n’en pas croire ses yeux quand on découvre (par soi-même ou au générique) les rôles multiples incarnés par les différents acteurs. J’attendais beaucoup de cette immersion dans différentes époques, dans ces histoires distantes mais liées, la bande-annonce laissant rêveur… J’ai été happée tout le long, m’accrochant à leurs secousses, cherchant des réponses chez les autres. Cherchant des questions surtout. J’en suis sortie un peu frustrée, par le manque d’expression d’un fond, d’un final frappant… Certes il y a de jolis mots, de belles idées, mais au-delà des images irréprochables, j’attendais plus encore. Plus qu’une raison de se pencher sur le livre original : Cartographie des nuages.

L’article n’était toujours pas en cours quand, lors d’un saut parisien, j’avais besoin d’une pause : retirer mes chaussures qui la jouait torture, me blottir dans un siège moelleux, m’envelopper dans une écharpe géante et voir un film français pour pouvoir, c’était prévu, juste l’écouter. Le MK2 Beaubourg propose le plus petit écran que je connaisse pour le moment, de plus j’étais au fond, du fond, pourcamille_claudel_1915 découvrir Camille Claudel 1915. Le réveil à 4h pour attraper le premier train du matin eut raison de cette séance : j’ai vu le début, quelques flashes, les derniers mots. Assez pour comprendre l’idée générale de l’histoire, Camille internée contre son gré, si jeune encore, la vie dans ce lieu retiré de tout, les angoisses de persécution, son frère ne voulant la laisser sortir. Elle y passera le reste de sa vie. Evidemment je n’ai pas d’avis sur ce film, ça m’a parut assez long, lent, berçant, difficile, fragile. Rempli de monologues et d’attente, mais peut-être ai-je manqué les scènes d’action ?


les_amants_passagersLà il devenait difficile de faire un post unique des trois films, alors j’ai laissé couler, le temps. Histoire de vivre encore d’autres séances et qu’un lien se dessine.
 Les amants passagers m’ont laissée tiède. Je n’avais jamais vu (c’est une longue liste) de films de Pedro Almodovar, c’était l’occasion d’en découvrir. Mais mon attente reste la même, j’espère être séduite à la prochaine car là, je n’ai pas décollé. Ah ce n’était pas désagréable : semi-comédie dans un avion qui tourne en rond, rempli de personnages ultracolorés, ça chante, ça danse, ça boit et ça se frotte dans tous les sens. On rit mais jaune, on n’est pas loin de souhaiter que ça finisse mal, par curiosité d’un feu d’artifice. Mais le film reste assez plat, ou peut-être suis-je blasée de ce genre de sujet…


le_petit_gruffaloLe même jour j’ai pris deux tickets
 : la petite séance de l’UGC d’à côté proposait des courts métrages pour enfants dont Le petit Gruffalo. Je n’ai pas retenu les titres proposés, pour les recommander : de la délicatesse, de la poésie, des animaux doux dans un monde parfois cruel, parfait pour les petits, et pour la petite sieste des grands dans l’après-midi. Oui je me suis assoupie pendant le dernier, le Gruffalo justement, quelques instants, ce n’était pas le plus charmant.

Juste après j’ai trouvé le lien de tous ces films, en voyant No. C’est un lien qui peut tisser l’ensemble de cette année ciné : l’expérience au-delà du film. Sans tenir compte des qualités graphiques, des dialogues, du scénario, certains films se vivent en pensant au prochain, en écrivant une critique en live, en rattrapant du sommeil manquant, et d’autres me scotchent. Je redis quelque chose que je savais déjà : l’important d’un film, c’est d’en sortir différent, imprégné d’idées, d’émotions étrangères, changeant le regard sur la vie réelle qui revient comme une vague soudée au vent, froid. Des films coupant du quotidien.

noPourtant No nous parle d’une réalité, celle de l’improbable chute de Pinochet par référendum en 88, celle de la campagne télévisée des opposants, tout aussi étonnante et follement efficace. On se lie au personnage de René, qui vend le non comme il vendrait du cola : pour gagner. Sa candeur paraît si décalée, des violences de la dictature, des blessures des militants de longue date. Et ça fonctionne,l’hymne bourré de joie à venir s’imprime dans la tête, on sait d’histoire qu’ils vont réussir leur pari mais on n’y croit pas plus vite que les électeurs, puis tout aussi fort. Le film mêle habilement les acteurs aux images d’archive, tout paraissant d’époque avec ce choix d’une image abîmée, d’une lumière qui se décompose, nous éblouit jusqu’à y voir partout des arc-en-ciel. No m’a scotchée comme un “bon” film : je n’ai pas fermé l’oeil, n’ai pensé à rien d’autre, et je suis même rentrée en chantonnant.

Il manque aussi ça parfois pour écrire, l’élan de vouloir partager, recommander. Pourquoi compter l’histoire d’une séance où le film m’aurait assoupie ? No m’a donné matière à comparaison, s’il ne fallait en voir qu’un ces jours-ci ce serait celui-là.

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

mars 31, 2013
par myel
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Brouillon de mars (de juin) dernier #8 C’est l’histoire d’un sablier renversé sur le côté à mi-temps.

Je relis mars. Ou plutôt les brouillons de mars. En m’interrogeant sur la forme, quand vais-je bien les sortir ? Je décide alors de lancer un premier jet de plus, à balancer avant les non-drames printaniers, qu’il faudra bien vomir.

C’était d’ailleurs là leur sujet, cette patience dévorante qui mue ma vie en lecteur de salon, play pause pause pause play pause play pause. Ça devient et pas qu’à mes yeux de plus en plus flagrant, j’ai peur de la bombe à retardement. De l’aveu d’un abysse professionnel malgré le fond qui restera inavouable. De la crevasse où tombent mes sentiments, les bons comme les méchants, jusqu’à sombrer dans l’apathie.

J’aime à inverser les problèmes, les tourner dans tous les sens avant de me résoudre, à voir les choses en face. Lapsus de clavier j’avais tapé “voir les choix en face”. Je n’avais pas encore retourné les questions de santé. Les fragilités physiques plombant le moral. Ou n’est ce pas les angoisses semant les indices des impasses mentales, jusqu’à devoir déclarer mon corps territoire impraticable ?

Je m’en veux d’écrire ça ici, maintenant, sans laisser voir extérieurement toutes les failles organiques, toutes les fêlures cardiaques. J’essaie encore de contenir l’espoir d’un rêve mutuel qui s’effrite, qui file entre mes phalanges comme du sable froid, qui attend l’évidence dans un sens ravissant. Ou dans l’autre pour s’évaporer.

-06/06/2012-

Cela me peur-panique de voir que ces brouillons réflexifs et semi-fictifs datent d’il y a plus d’un an, qu’il ressemblent tellement à la surface de l’an 2012, cet horizon figé de patin qui m’entourne en rond. Fallait les publier, maintenant, pour m’en débarrasser, mieux avancer.

mars 30, 2013
par myel
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Brouillon de mars dernier #7 Légèreté

Mais où est passée l’insouciance ?

Ces pauses du soir apaisent mes journées. Alors qu’elles sont sensées me retourner. Est-ce le fait de les garder muettes ? Ou juste le fait d’écrire, qui atténue l’orage, comme si le dire épongeait par avance les larmes. Ou juste le fait des cycles, parce que dans le fond rien n’a vraiment changé. J’aimerais, ces pauses, les prolonger…

Dans mon t-shirt qui semble si petit et tellement décolleté, je cherche l’insouciance. Dans ma mémoire. La chercher, c’est déjà s’en soucier. La spontanéité des échanges, la crainte d’aucun jugement, l’instant juste présent, vivant…

Je suis bien éduquée mais je reste sauvage. Je contourne les règles intérieurement, j’y remets tout en cause, surtout les opinions ; je n’accepte aucune idée sans son sentiment. J’aimerais vivre à l’instinct. Manger à l’instinct, travailler à l’instinct, flirter à l’instinct, dormir à l’instinct. Que rien ne soit ordonné par la bienséance. Rester sauvage, c’est aussi être seule.

Fondrait-elle avec le silence ?

– 20/03/2012 –

Cela me peur-panique de voir que ces brouillons réflexifs et semi-fictifs datent d’il y a plus d’un an, qu’il ressemblent tellement à la surface de l’an 2012, cet horizon figé de patin qui m’entourne en rond. Fallait les publier, maintenant, pour m’en débarrasser, mieux avancer.

mars 30, 2013
par myel
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Brouillon de mars dernier #6 Les blessures de la cause à vif

L’avocat des causes amochées tira la chaise de son bureau et me figea de haut. Je m’assis comme le requérait fermement son regard. Figée d’encore plus haut je donnais pas cher de ma cause, mais il sourit, cynique, et se mit presque à mon niveau.

C’était pas beau à voir, quand j’ai entamé l’énumération de chacune de mes fautes, et de chacun des coups au cœur que j’avais encaissé. La maladresse, ma personnalité encline à l’imagination, l’hyperémotivité, la susceptibilité, et mon besoin permanent d’être rassurée, choyée, encouragée ; les scènes d’angoisse, les cycles de larmes et les portes cognées, les mots qu’on s’était jamais dits, les exigences raisonnées, l’enfermement dans une crainte nouvelle bourrée d’indécision, l’effondrement de la confiance en soi et cette sensation tangible de piétiner, de patiner, de ne pas avancer…

Oui j’ai fini en larmes, j’avais même commencé en larmes. C’était moche, c’était souillé, abîmé, incidenté, accidenté, c’était parfaitement ce pour quoi il était engagé.

Sauf qu’il a énoncé, son verdict d’un air chagriné : “Vous êtes indéfendable, jeune fille, vous ruinerez votre cause à mes côtés.”

– 18 / 03 / 2012 –

Cela me peur-panique de voir que ces brouillons réflexifs et semi-fictifs datent d’il y a plus d’un an, qu’il ressemblent tellement à la surface de l’an 2012, cet horizon figé de patin qui m’entourne en rond. Fallait les publier, maintenant, pour m’en débarrasser, mieux avancer.

mars 29, 2013
par myel
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Brouillon de mars dernier #5 Le rôle de la méchante

J’ai du mal à démarrer ce sujet sans m’étaler sur les raisons des autres rôles, bien plus agréables à porter. Celui de la douceur, de la constance, de l’enthousiasme, de la femme parfaite qui n’existe pas mais quand on veut faire fantasmer… Des costumes vastes, moelleux, confortables et seyants. Des rôles bien plus aimables, acceptables, présentables, sortables en société mais qu’on ne peut passer toute la vie à jouer.

Parce qu’en coulisse parfois. On tire au sort le rôle de la méchante. De celle qui craque, fait ses cartons, laisse tout tomber passé le pas de la porte. De celle qui crise, brise, pulvérise, casse et fracasse, arrache et déchire en petits morceaux. On croit que cette violence est voulue, mais c’est le rôle qui oblige à rester froide et de marbre, à ne pas confesser que la méchante résulte d’une extrême faiblesse, de l’aveu ardu d’un échec, d’un découragement naissant devenu trop envahissant.

La méchante endosse la cuirasse, elle arbore griffes et cornes en toc, elle serre les dents mais pas vraiment pour les montrer, elle se fait sourde pour ne pas remanier son texte, elle vomit ses orages pour ne pas s’effondrer, au milieu de la scène. Ça ferait mauvais genre allons-y jusqu’au bout. Du monde, de l’abandon, de ces sottises qu’on regrettera de temps en temps. De toute façon les drames, hormis en monologue, ça n’a jamais été ma tasse préférée du théâtre.

– 17/03 / 2012 –

Cela me peur-panique de voir que ces brouillons réflexifs et semi-fictifs datent d’il y a plus d’un an, qu’il ressemblent tellement à la surface de l’an 2012, cet horizon figé de patin qui m’entourne en rond. Fallait les publier, maintenant, pour m’en débarrasser, mieux avancer.

mars 28, 2013
par myel
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Brouillon de mars dernier #4 Vivre ses rêves

“Vis tes rêves” résumait l’autre sur un bout de papier, ce n’était pas le seul. Je les ai gardés dans les poches : ne pas oublier d’en avoir, les suivre, les dessiner, s’en donner les moyens… Vivre ses rêves.

C’est aisé de le dire. Sauf que mes rêves, partent en tous sens et sont, par définition pure bancals, surréalistes, flous, extensibles et fragiles. Faudrait-il les figer, un par un pour ensuite broder-tisser la réalité-vraie tout autour ?

* Petit un “se bâtir un espace-cocon”,
* petit deux “voyager sans hésiter”,
* petit trois “créer à volonté”,
* petit quatre “vivre toutes les audaces”,
* petit cinq “se réserver des instants pour souffler”,
* petit six “passer des heures à refaire le monde avec d’autres fous”,
* petit sept “apprendre encore et encore”,
* grand huit “ne jamais renoncer à la liberté”.

Voyez. J’ai déjà pris un temps précieux à formuler une liste (lacunaire). Ces “bribes de rêves” ne sont à mes yeux que des directions, des barques de fortune, des évidences mêmes. Elles sont imprécises comme je l’ai toujours été, à ne pas vouloir faire maîtresse d’école, ou grand docteur, ou community manager ; mais les trois à la fois. J’ai voulu prendre les problèmes autrement, tourner très très très vite et avoir le vertige, partager des secrets avec des regards étincelants…

Je n’écris pas les choses ainsi pour faire joli-joli, j’ai décidément pas envie d’avoir des rêves dociles ! Oui je sais faire une liste de courses, prendre le métro parisien, faire des powerpoint de synthèse, des analyses de concurrence et même des p’tits logos. Mais oui à l’intérieur ça foisonne, de rimes velléitaires, ça se bouscule de jeux tordus, ça fourmille de mondes parallèles et si tu voyais toute l’écume dont se bataillent mes papillons !

Et plus ça débordera sur la vie plus elle me sera délicieuse.
Oui je rêve d’être cinglée au grand jour. Non ce n’est pas un rêve dont on revient.
Je ne suis pas encore certaine, que le vivre, soit une heureuse idée.

-16/03/2012-

Cela me peur-panique de voir que ces brouillons réflexifs et semi-fictifs datent d’il y a plus d’un an, qu’il ressemblent tellement à la surface de l’an 2012, cet horizon figé de patin qui m’entourne en rond. Fallait les publier, maintenant, pour m’en débarrasser, mieux avancer.