Indiscretions et mutineries

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No

Six films, autant d’expériences

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Oui j’ai pris du retard, c’est la faute d’aller voir des films tard, je n’écris pas le soir même puis le lendemain est bien rempli, puis j’enchaîne sur un autre film puis…

au_bout_du_conteJ’avais choisi Au bout du conte à cause d’une petite forme, pas confiance en mes yeux pour suivre les images + lire des sous-titres pendant trois heures (Cloud Atlas). En sortant j’étais frappée par le fait que les films français sont associés dans mon esprit au théâtre plus qu’au cinéma. Je généralise car d’autres auparavant m’ont fait le même effet, mais ce film en particulier tire exprès sur cette corde : celle du jeu, des rôles, personnages comme des marionnettes glissant d’un conte à l’autre, on voit tout venir mais qu’importe, les couleurs des caractères, des répliques sont saturées mais qu’importe, on est prévenu c’est un conte, pour adultes en bohème, pour princesse parisienne. Joli moment.


cloud_atlasAprès Cloud Atlas je m’étais promis d’écrire un article sur ces effets théâtre, et cinéma.
 Dans les nuages on plonge totalement dans le Cinéma : grands effets, réalisation reléchée, maquillage à n’en pas croire ses yeux quand on découvre (par soi-même ou au générique) les rôles multiples incarnés par les différents acteurs. J’attendais beaucoup de cette immersion dans différentes époques, dans ces histoires distantes mais liées, la bande-annonce laissant rêveur… J’ai été happée tout le long, m’accrochant à leurs secousses, cherchant des réponses chez les autres. Cherchant des questions surtout. J’en suis sortie un peu frustrée, par le manque d’expression d’un fond, d’un final frappant… Certes il y a de jolis mots, de belles idées, mais au-delà des images irréprochables, j’attendais plus encore. Plus qu’une raison de se pencher sur le livre original : Cartographie des nuages.

L’article n’était toujours pas en cours quand, lors d’un saut parisien, j’avais besoin d’une pause : retirer mes chaussures qui la jouait torture, me blottir dans un siège moelleux, m’envelopper dans une écharpe géante et voir un film français pour pouvoir, c’était prévu, juste l’écouter. Le MK2 Beaubourg propose le plus petit écran que je connaisse pour le moment, de plus j’étais au fond, du fond, pourcamille_claudel_1915 découvrir Camille Claudel 1915. Le réveil à 4h pour attraper le premier train du matin eut raison de cette séance : j’ai vu le début, quelques flashes, les derniers mots. Assez pour comprendre l’idée générale de l’histoire, Camille internée contre son gré, si jeune encore, la vie dans ce lieu retiré de tout, les angoisses de persécution, son frère ne voulant la laisser sortir. Elle y passera le reste de sa vie. Evidemment je n’ai pas d’avis sur ce film, ça m’a parut assez long, lent, berçant, difficile, fragile. Rempli de monologues et d’attente, mais peut-être ai-je manqué les scènes d’action ?


les_amants_passagersLà il devenait difficile de faire un post unique des trois films, alors j’ai laissé couler, le temps. Histoire de vivre encore d’autres séances et qu’un lien se dessine.
 Les amants passagers m’ont laissée tiède. Je n’avais jamais vu (c’est une longue liste) de films de Pedro Almodovar, c’était l’occasion d’en découvrir. Mais mon attente reste la même, j’espère être séduite à la prochaine car là, je n’ai pas décollé. Ah ce n’était pas désagréable : semi-comédie dans un avion qui tourne en rond, rempli de personnages ultracolorés, ça chante, ça danse, ça boit et ça se frotte dans tous les sens. On rit mais jaune, on n’est pas loin de souhaiter que ça finisse mal, par curiosité d’un feu d’artifice. Mais le film reste assez plat, ou peut-être suis-je blasée de ce genre de sujet…


le_petit_gruffaloLe même jour j’ai pris deux tickets
 : la petite séance de l’UGC d’à côté proposait des courts métrages pour enfants dont Le petit Gruffalo. Je n’ai pas retenu les titres proposés, pour les recommander : de la délicatesse, de la poésie, des animaux doux dans un monde parfois cruel, parfait pour les petits, et pour la petite sieste des grands dans l’après-midi. Oui je me suis assoupie pendant le dernier, le Gruffalo justement, quelques instants, ce n’était pas le plus charmant.

Juste après j’ai trouvé le lien de tous ces films, en voyant No. C’est un lien qui peut tisser l’ensemble de cette année ciné : l’expérience au-delà du film. Sans tenir compte des qualités graphiques, des dialogues, du scénario, certains films se vivent en pensant au prochain, en écrivant une critique en live, en rattrapant du sommeil manquant, et d’autres me scotchent. Je redis quelque chose que je savais déjà : l’important d’un film, c’est d’en sortir différent, imprégné d’idées, d’émotions étrangères, changeant le regard sur la vie réelle qui revient comme une vague soudée au vent, froid. Des films coupant du quotidien.

noPourtant No nous parle d’une réalité, celle de l’improbable chute de Pinochet par référendum en 88, celle de la campagne télévisée des opposants, tout aussi étonnante et follement efficace. On se lie au personnage de René, qui vend le non comme il vendrait du cola : pour gagner. Sa candeur paraît si décalée, des violences de la dictature, des blessures des militants de longue date. Et ça fonctionne,l’hymne bourré de joie à venir s’imprime dans la tête, on sait d’histoire qu’ils vont réussir leur pari mais on n’y croit pas plus vite que les électeurs, puis tout aussi fort. Le film mêle habilement les acteurs aux images d’archive, tout paraissant d’époque avec ce choix d’une image abîmée, d’une lumière qui se décompose, nous éblouit jusqu’à y voir partout des arc-en-ciel. No m’a scotchée comme un “bon” film : je n’ai pas fermé l’oeil, n’ai pensé à rien d’autre, et je suis même rentrée en chantonnant.

Il manque aussi ça parfois pour écrire, l’élan de vouloir partager, recommander. Pourquoi compter l’histoire d’une séance où le film m’aurait assoupie ? No m’a donné matière à comparaison, s’il ne fallait en voir qu’un ces jours-ci ce serait celui-là.

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

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