Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

avril 10, 2012
par myel
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Missive expérience n°2

Cette fois j’ai rien en tête. Tu peux t’habituer à mes annonces d’intermèdes musicaux, ou à des tic-tac obsédants mais cette fois je n’ai rien en tête. Il y a bien le murmure du ventilateur pour nous déranger, et les tapotements du clavier. Inévitables inconvénients du papier à lettre de l’être moderne… Autour de ça le vide, le silence, l’ignorance auditive de la cité qui grouille autour, j’avais envie de me faire sourde au monde et de t’écrire.

Comment te portes-tu ?
A quelle heure t’élèves-tu ? Combien de temps tu veilles avant d’abandonner ?
Des routes affriolantes carrefourent-elle ton chemin ?
Est-ce que je m’immisce dans tes rêves, parfois ?

Les feuilles qui me poussent au printemps ne font qu’avouer lis-les donc, comment l’hiver fut revêche à passer. Brouillard épais à volonté, lumière filtrant péniblement, et ce vent bruineux frisant mes cheveux ! J’ai manqué d’imploser dans ma coquille, de mourir affamée par mes propres racines fâcheusement implantées. Mais voilà qu’avril me tisse une étoffe, des fleurs me voilent comme des jupons, je suis réconfortée par une chaleur timide et j’oserais même imaginer qu’on pourrait s’adosser.

J’ai l’image évidente où l’on marche sur un fil, ce sentiment de rouge et de funambulisme, mais pas que. Se calque aussi l’envie d’y faire la roue, d’esquisser quelques entrechats, de se laisser balancer tête en bas les yeux tellement ouverts puis de trouver un équilibre érotisant de dos à dos, chacun décrivant à l’autre sans bouger ce qui déboule de son côté. (Il serait subtilement conseillé d’inventer.)

Ainsi se faire trembler sans jamais vaciller.
Refaire le monde entre deux tours, deux hémisphères, deux beffrois deux falaises deux linges qu’importe.
Pourvu qu’on prenne cette place dans un lieu qui n’existe pas.

Vous y croyez ?

Je savoure étrangement le temps de l’écriture de ces lettres anonymes, formes sauvages de non-sens en vaine quête d’un plaisir archi-particulier. Voyant naître les idées sous l’impulsion des mots je me ravis d’une liberté coupable : je ne fais rien d’utile j’écris. Pire ici même, je n’écris à personne, je pose des questions dans le vide, je tutoie l’inconnu, je vouvoie le fantasme. Je flirte avec des fantômes.

Vous savez que j’aime déconstruire des allées sinueuses, pour exprimer à votre endroit, très cher, les pas chassés de mes pensées. Tu ne sais pas que tes échos provoqueraient pour un temps, le cahot battant la chamade ébranlant l’accroche de mon cœur.

Il est des évidences naissant dans la correspondance.

Je ne sais pas quel temps des deux m’est le plus addictif.
Je sais qu’ici j’attends toutes les réponses autant que le silence.

avril 7, 2012
par myel
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Les phrases qui sonnent autrement bien

La version lisible des phrases gribouillées vite vite fait en cours de lecture, de celles qui interpellent, restent en tête, ou juste sonnent “autrement bien”.

[article en cours… loin d’être ma source entière de références… à compléter en rouvrant les vieux carnets, et en ouvrant les prochains livres]

Méfie-toi de tes souhaits, car ils risquent d’être exaucés. Anne Rice, La reine des damnés

tout ce qui fait le prix de l’existence : l’ardente chaleur des feux et des caresses, des baisers et des discussions, de l’amour, du désir et du sang. idem

En fermant les yeux, je croyais entendre sa voix, qui me parlait, mais la substance de ses propos avait disparu. Anne Rice, Le voleur de corps

Il porte le chagrin comme d’autres portent du velours ; la tristesse lui va au teint comme la lumière des chandelles, les larmes lui siéent comme des bijoux.  idem

Être un sujet fragile, c’est également sortir d’une guerre ordonnée par une logique binaire : l’un ou l’autre. C’est penser que l’un peut composer avec l’autre. Ce que nous perdons en force, nous le gagnons alors en puissance. Jean-Claude Liaudet, Du bonheur d’être fragile

Fragilité : se défaire de son armure, ôter les protections, accepter d’être sensible, d’être atteint par autrui comme par les évènements de la vie, voir à être défait pour un temps. idem

Il y a des gens qui n’aiment pas vivre, m’a-t-il dit, ils ne supportent pas la vie. Ils la traitent comme une maladie atroce. Anne Rice, Le lien maléfique

Elle avait tout, comme ils disent. Comme les imbéciles disent. Anna Gavalda, L’échappée belle

Cela me brise-t-il le cœur, bien sûr, à chaque instant de chaque jour, en plus de morceaux que mon cœur n’en comportait. Jonathan Safran Foer, Extrêmement fort et incroyablement près 

nous étions bien décidés à ignorer tout ce qu’il convenait d’ignorer, à bâtir un monde nouveau à partir de rien si rien de notre monde ne pouvait être sauvé, idem

Ce secret était un trou au milieu de moi dans lequel tombaient toutes les choses heureuses. idem

être ici emplit mon cœur de joie, même si cette joie n’est pas mienne,  idem

Nous ne parlions de rien de particulier mais dans le sentiment de parler des choses les plus importantes. idem

Si c’était pas ma vie, je l’aurais pas cru. idem

Les fantômes s’en fichent, que tu croies en eux.  idem

J’ai passé toute ma vie à apprendre comment ressentir moins. Chaque jour je ressentais moins. Est-ce cela vieillir ? Ou est-ce quelque chose de pire ? On ne peut se protéger de la tristesse sans se protéger du bonheur. idem

Deux ou trois vieux étaient assis sur des chaises devant une boutique. Ils fumaient le cigare en regardant le monde comme si c’était la télé.  idem

Le chemin s’est perdu en cours de route, c’est donc qu’il y a une route. Grégoire Bouillier, Rapport sur moi

J’ai le sentiment qu’il est trop tard. Il ne me quittera plus. idem

Je n’essayais même pas de leur expliquer que mon ambition n’était pas d’exister dans ce monde, mais de faire exister un monde.  idem

Le sabotage est l’unique arme qui reste à la portée de chacun.  idem

Je vois tout, je sens tout, mille détails entrent en moi comme de longues échardes et m’écorchent vive. Mille détails que d’autres ne remarquent pas parce qu’ils ont des peaux de crocodile. Katherine Pancol, Les yeux jaunes des crocodiles

Je dois ressembler à une catastrophe aérienne. idem 

avril 6, 2012
par myel
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Sémiologie du quotidien

Le titre fait trembler mais c’est une manie de l’esprit qui me tient très à cœur…

“Le chemin s’est perdu en cours de route, c’est donc qu’il y a une route.”

Je lis Rapport sur moi de Grégoire Bouillier, avec un plaisir partagé. Preuve s’il en faut une : il pèse 127 pages et je ne l’ai pas lu d’une traite, je l’ai fermé ce soir pour la -au moins- troisième fois, page 87 sans brûler de savoir le fin mot de l’histoire. Car le récit du personnage m’importe peu, il pourrait s’arrêter là, manquer des pages ou durer des années, cela m’irait tout aussi bien.

Ce qui m’accroche à ce “ni autobiographie, ni roman, ni autofiction”, c’est l’œil du narrateur qui lie les évènements du passé à ceux du présent comme autant d’indices au service d’un destin. Pas un grand destin non, c’est du type rencontrer une fille dans un train qui va s’accrocher à lui comme les staphylocoques dorés contractés en léchant la vitre d’un autre train des années plus tôt. L’éditeur le dit mieux que moi :“… l’auteur scrute avec autant de sincérité que d’humour quarante années d’une existence accidentée. Il met au jour les lois souterraines qui la régissent mystérieusement…”.

Le type de décorticage du quotidien que je fais sans cesse, qui mène aux portes de la folie parfois, car l’interprétation de chaque geste présent amène un effort de mémoire et de projection, d’interprétation. Car chaque mot, chaque pas, chaque lieu ou l’on se trouve peut avoir une incidence dans un mois, un an, dix ans. C’est une manie qui freine les décisions, quand les signes ne désignent pas une seule direction, quand aucun sentiment d’évidence ne reprend le dessus.

Portes de la folie aussi, car dans ma sémiologie du quotidien il y a

  • des signes dits rationnels, flirtant avec l’analyse psy : manifestations physiques, écho de l’enfance dans les relations, les angoisses etc.,
  • des signes intermédiaires posés dans l’entre-deux : rêves, notes de blog confuses, poèmes obscurs, discussions imprévues, citations griffonnées…
  • mais aussi des myriades de signes irrationnels que je ne peux ignorer : l’image d’illustration de ce sujet tombée comme une fleur dans ma boîte mail pendant que je l’écrivais, titres de journaux lus comme des horoscopes, mots ou phrases en boucle dans la tête, chanson suggérée au cours d’une playlist aléatoire, noms de rues, suites numériques, initiales, présence ou non d’un ou plusieurs lapins dans l’herbe sous la station aérienne Les Prés du métro lillois… On s’approche de la psychiatrie façon Courir avec des ciseaux d’Augusten Burroughs, dans lequel la Bible ouverte au hasard répond à toutes les questions d’une famille.

Amanda Mabel

En rédigeant ce fouillis, s’éveille en moi le sentiment qu’il revêt un aspect plutôt contradictoire : rien n’est là par hasard, mais tout peut venir du hasard. C’est mon côté surréaliste maniaque. Qui aime écrire sans réfléchir, et voir naître le sens des mots a posteriori.

Tandis que l’exercice d’anticipation, …est un tout autre sujet.

{Là par exemple, j’avais écrit “Tandis que l’exercice d’anticipation,” sans aucune idée de la suite, une évidence m’est tombée dessus après la virgule, trop importante pour la grouper avec cet article, j’essaierai d’en faire le thème du prochain.}

Une deuxième citation du livre en cours, pour la route, puisqu’il y a une route… “J’ai le sentiment qu’il est trop tard. Il ne me quittera plus.”

avril 4, 2012
par myel
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Retour aux Trois Baudets, avec Jeanne Plante

Je sais d’avance que cette chronique de concert sera bien plus légère, et moins enflammée que la précédente. Pas la faute de l’artiste mais de mon esprit présent qu’aux trois-quarts, le reste étant resté hanter-veiller une chambre de malade… Surprise pétillant sur fin mars, le 30 exactement, cette invitation musicale gagnée sur le site Bulle Sonore fût difficile à décliner. J’avais été enchantée par le lieu lors du passage de Rodrigue en début 2009 (déjà!), et sortir m’éviterait de ruminer des inquiétudes toute seule chez moi pour la soirée. Je l’ai donc acceptée. Débarquée sans avance aux Trois Baudets, la salle m’étonne par son intimité, mon souvenir avait quelque peu agrandi l’espace. Comme quand on retourne dans la cour de l’école maternelle vingt ans après elle semble minuscule ; sauf que là je n’avais pas pris un centimètre. J’ai failli écrire sentimètre et trouver une explication, la mémoire influencée par le ressenti, étriquerait les pièces négatives (écho aux chambres de malade) en poussant les murs de celles où l’on a souri ? Fin de la digression. L’ambiance suggérée par un brouillard de fumée feutrant le décor aux tons rouges a persisté toute la soirée. Légèreté du piano, rythmique de la guitare et des percussions, valse de l’accordéon, et la voix joueuse de Jeanne Plante. Des mots simples, “des mots drôles et vrais, des mots qui font sens”. J’ai lâché des sourires, quelques rires même, faisant vibrer mon appareil-photo posé sur un genou captant sans que je vise vraiment quelques instants présents. jeanneplante1La chanteuse présentait principalement des titres de son second album “La veuve araignée”, sorti le jour même, mais aussi certains du premier “Les mots cachés” (2009). jeanneplante2 Pour atténuer le parfum de “c’est déjà fini”, la soirée s’est prolongée sur quelques duos avec des invités dont les noms ne se sont pas imprimés dans ma p’tite tête (si quelqu’un sait les identifier dans la photo ci-dessous qui, secret, est un discret photo-montage). jeanneplante3 Ressortie l’esprit plus léger de cette soirée, j’ai depuis gardé en tête un bout de refrain : “Je n’ai jamais su dire non A une quelconque proposition Je n’ai jamais su pourquoi Les décisions c’est pas pour moi” ! La petite vidéo bonus avec l’accord de la demoiselle

Et puisque vous avez plus de temps que j’en ai eu avant d’aller la voir en concert, filez sur son site écouter des titres du nouvel album.

mars 27, 2012
par myel
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Brèves de mars qui n’est pas fini

L’heure d’été a frappé mes journées. Se lever le matin depuis deux jours aussi, c’est vrai. Mais pouvoir lire dans la lumière chaude caressant un temps mes pieds au bord du lit, un autre les baies vitrées de mon salon, est un plaisir simple et si délicat. Le beau temps joue aussi, c’est vrai.

J’aime presque autant cuisiner dans cette lumière-là.

Plus je lis des blogs de lectrices, plus ça parle lecture sur twitter aussi (ne citons en exemple que le vendredi), plus j’ai envie de lire. Ma “Liste A Lire” s’allonge surSensCritique, j’essaie de la modérer, de la réduire le plus possible grâce à la médiathèque du coin.

Je suis entrée dans “Extrêmement fort et incroyablement près” aujourd’hui. Et je ne peux retenir mes sourires à chaque page, c’est bourré d’excellentes idées ; je reprends aussi l’envie de noter, des bouts de phrases en vrac sur un carnet. Par exemple :

“Cela me brise-t-il le coeur, bien sûr, à chaque instant de chaque jour, en plus de morceaux que mon coeur n’en comportait.”

“nous étions bien décidés à ignorer tout ce qu’il convenait d’ignorer, à bâtir un monde nouveau à partir de rien si rien de notre monde ne pouvait être sauvé”

“Ce secret était un trou au milieu de moi dans lequel tombaient toutes les choses heureuses.”

“être ici emplit mon cœur de joie, même si cette joie n’est pas mienne”

“Nous ne parlions de rien de particulier mais dans le sentiment de parler des choses les plus importantes ” (Jonathan Safran Foer)

En mars j’ai rencontré Solange, et ses affaires et sa mémoire, dispersées au coin d’une avenue du treizième. Un carnet de poèmes, des revues féminines de bibliothèque des années 60, et d’autres livres pas encore parcourus. Autant de trésors ayant appartenu à une ou des inconnus, sauvés de la décharge, ramassés et portés (=rapportés), avec l’aide d’une complice qui croit autant que moi, que Paris souvent nous surprend.

J’ai pris de plus en plus, l’habitude de manier twitter en parallèle à ici, quand je n’ai rien de bien construit à dire, ou pas envie de broder autour d’une pensée. Impossible aujourd’hui de trancher, s’il est dommage de priver le blog d’articles courts et spontanés… Ou si sans cet outil d’expression raccourcie je n’aurais rien écrit du tout…

Je n’ai donc pas beaucoup écrit, sur ce blog plus de brouillons que d’articles publiés. Mais pas très loin j’ai achevé de mettre en ligne les brouillons murmurés, et griffonnés de mon laboratoire, avant de me pencher plus avant sur la suite… Tout est récapitulé sur cette page. Evidemment, ceci mériterait plus qu’une brève ; un papier correct, que je n’ai pas encore su composer.

cygnes

Voilà pour les brèves choisies…
Mars a encore quelques pas devant lui, avant d’être fini…
Photo prise au parc Montsouris, pour ne pas changer, cygnes noirs et blancs, 27 mars 2012.

mars 17, 2012
par myel
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DIY / La bonbonne à souvenirs

Cheminement de pensée… Je crois que j’entamais la lecture de ce texte, mais qu’arrivée sur cet extrait mon esprit s’est quelque peu échappé.

“Elle apaise ses tourments en revisitant les beaux moments qu’elle a logés dans sacaverne à souvenirs aux murs froids et sombres.”

En assemblant l’idée de la pensine d’Harry Potter, des petites fioles dans lesquelles transporter les souvenirs qu’on y verse, et cet article croisé début mars depuis Hellocoton, avec ses magnifiques bonbonnes en verre… j’ai eu l’idée de ce qu’on pourrait appeler dans la blogosphère un “do it yourself“, mais là vraiment au sens propre car je ne l’ai pas encore réalisé moi-même.

“La bonbonne à souvenirs” (ou à sourires, c’est comme on veut)

Ustensiles
* Une jolie bonbonne en verre (ou à défaut une bouteille en verre)
* Des feuilles de papier diverses (couleur ou pas selon, le goût de chacun)
* Des crayons, feutres, ou un simple stylo

Conseils de réalisation

* Découpez de manière appliquée (avec des ciseaux) ou plus grossière (avec le bout des doigts je préfère, c’est plus aléatoire) des dizaines de morceaux de papier, faites un jolis tas.

* Ecrivez frénétiquement dessus tous les souvenirs qui vous viennent à l’esprit, piochez ensuite dans les albums photos, un blog, de vieux carnets, le but est d’en rassembler un maximum.

* Soyez concise, quelques mots doivent suffire à évoquer le souvenir choisi, ne cherchez pas à le décrire ou à le raconter. Ce peut être une phrase entraînant un fou rire, ou le nom d’un lieu assorti d’une date, le rappel d’une odeur d’enfance…

* N’hésitez pas à confier vos plus grands secrets, personne n’ira les lire, du moins pas de votre vivant…

* Glissez en souriant, au fur et à mesure ou une fois le tas transformé, les souvenirs dans leur jolie bonbonne. Vous pouvez les rouler, les plier, les insérer tels quels ou varier les plaisirs.

* Secouez la bonbonne pour mélanger tout ça ^^

* Gardez à proximité une réserve de papier pour les ajouts futurs…

L’intérêt ?
Je suis certaine que cela fera un très bel objet de décoration, en même temps très symbolique. Qu’il sera bon d’y glisser ses prochaines audaces, d’y avouer ses pêchés sans être jugée, de voir physiquement la vie se remplir de ces instants gravés, de mélanger ces sourires à loisir.

bonbonne