Indiscretions et mutineries

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août 24, 2012
par myel
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Automotisme #3

C’est pas la peine d’allumer des lumières sur des sources taries, d’éclairer les histoires de la nuit, d’endormir les coins sombres et les ivresses détruites. Autant s’en porter pâle, opale, aéropale. Ne pas chercher de drames. Filer dans les crevasses et les images d’extase. D’étendage. De périphrase. Sans échapper à son assaut, sans rabougrir les épithètes et les orifices épiscopes.

 

Des jours plus tard je me fais l’empreinte de ces ombres irréfléchies et réfléchis. Sans doute y a-t-il des douleurs et des parfums intransitoires, sans doute les monts érables peuvent-ils dominer l’innommable, sans doute ne peut-on exister sans doutes. Sans doute pourrait-on avancer le dos chargé de doutes.

C’est pas croyable enfin qu’on se laisse duper par la foudre, jamais à nos cotés, fuyant sans laisser de piste où la retrouver. Pourtant c’est son étage, sa position volage, et n’y apprend-on rien d’autre que l’amertume des instants écourtés. Interrompus sans une raison. Comme ce texte sans nom.

août 24, 2012
par myel
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Missive expérience n°4

Les mots se sont entichés du silence. Ils ne se laissent plus facilement pêcher dans l’air agité d’ondes, imprévisibles. Faut faire le silence dans ma tête, à défaut du vrai monde. Faudrait plonger le coeur sous l’eau pour qu’il reprenne la plume, du fond. Du coeur ou de l’eau. A défaut d’une piscine je tenterai l’option une.

Faire le vide est un état d’âme. Faire le silence, une escapade.

Inspiration. Concentration. Inspiration. Disparition.

C’est un pays brouillé où je t’emmène, à l’intérieur. On n’anéantit pas les troubles en se clignant, des yeux une demi-heure durant, sinon je ne vous écrirais pas. C’est un travail de longue haleine de ranger mes tiroirs débordants renversés, mais pour le calme environnant les oreilles des passants, je progresse à vue d’oeil. Non. Je plaisante. J’essaie juste d’écrire plus fort que la réalité, pour ne pas l’entendre essayer de démonter la porte.

C’est une caverne en travaux. Ce sont des parpaings démontés, des briquettes par milliers. Je n’aimais pas trop la déco de mon fort intérieur, j’ai voulu retirer un cadre ou deux, les remplacer par une fenêtre sur la lune ascendante. Je n’ai pas tout compris. J’ai fait tomber les murs. C’est un pays en miettes où je t’emmène,  je n’y reconnais rien, plus que toi entre les gravas.

Avance un peu par là.

J’ai besoin de ta main, serrant la mienne gelée, me tenant par la taille, maintenant pour ne pas tomber. Ne pas trébucher sur mes restes. Non pas pour me guider car je veux décider quel chemin recréer. Juste vos mains en soutien d’un mirage projeté. D’un ouvrage à réinventer.

J’ai besoin de vos lèvres, aspirant mes esquisses rageuses, étonnant sans compter le fond de mes pensées.

J’ai besoin de ces yeux qui brillent pour y verser, salée cette existence qui veut s’y refléter.

Ici j’avais gardé tes mots, dans les fondations rien n’a résisté.

Je n’ai besoin de rien, je vis très bien sans toi. J’enrage effectivement de voir ce qui me met dans ces états. D’âme effondrée. D’esprit évaporé. J’interroge sur les causes des désastres intrinsèques. Je maudis les raisons des séismes inhérents, à ma nature instable.

Et quand je n’ai personne d’assez lointain pour voir, le vide en son ensemble je me retourne vers toi.

L’angoisse qu’écrit le vide, c’est qu’il ne se fait pas, volontairement, c’est qu’il devance mes actes, double mes doutes. Le vide réduirait mes mots au silence s’ils n’avaient pas pris plaisir à flirter sans un bruit, mes mots et ton silence.

août 16, 2012
par myel
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L’été russe

J’étais sans mots, même dans le train, le carnet trop loin du stylo ; le clavier préférant la musique en boucle, à ces mots. Et je suis toujours sans images, rageant contre olympus qui tient mon capteur en otage…

Avec lui j’aurais pu figer les sommets d’août, de l’été radieux pour les yeux entre les paysages champêtres, un spectacle de rêve, la peau qui m’interpelle et même Arras by night, bien que ce soir dernier j’aurais marché trop vite pour le moindre cliché.

Sauf que la vue ne fait pas tout. Sauf qu’à “Et toi comment ça va ?”, j’ai envie de répondre “Des hauts, des bas, des hauts, des bas… un grand vide au milieu”. La bienséance m’impose un… non, non rien ne s’impose : je soupire et souris, je préfère parler du moment présent.

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{ Impossible things / ”What is possible and impossible is up to you.” / by SuperPipo }

Je suis sans doute à contretemps, sur un ouvrage instable. Le corps désaccordé. Les sensations cahotent. Quand j’enthousiasme, les freins m’écrasent ; je lâche tout au mauvais moment ; et quand j’attrape la corde pour me sortir de là, elle s’effriterait déjà…

J’aime ça les montagnes russes, les chatouilles dans le ventre, impatienter la chute, ne pas crier, bien s’accrocher. Mais j’aime encore plus le moment où l’on pose pied à terre en descendant, tremblant encore un peu, soulagée, décoiffée, rassurée d’être encore en vie.

Sauf qu’aujourd’hui je suis encore dedans, suspendue au milieu, sans idée du sens de la marche de ce foutu manège en panne. J’en ai mal aux épaules, ça dure bien trop longtemps.

juillet 30, 2012
par myel
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Need a project

C’est un réflexe, rassurant, quand je ne sais plus où aller je fais des listes, automatiques. Quand je ne sais plus ce que j’aime, ce que je veux, je range des mots dans des cases vertes et rouges, parfois même j’hésite et je les mets dans les deux, parfois même je me trompe. Mais ça fait quelque chose où s’accrocher.

Cette liste risque d’être aussi longue que je suis perdue.

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Image d’Adam Raasalhague

J’aime les cartes, je l’ai dit sans réfléchir tout à l’heure et c’était vrai. J’aime lire les index des cartes. Tous les noms des rues de ma ville. Toutes les villes et villages de la carte de France dans la voiture sur la route des vacances. J’aime être étonnée de ces noms, jouer à les associer, à les retenir. J’aime les panneaux, les tracés des lignes de métro, de bus, de tramway, je lis le nom de toutes les stations quand je monte jusqu’à les connaître par coeur, même si je les connais par coeur, surtout si je les connais par coeur. C’est rassurant de savoir la réalité inscrite autour de mes états instables.

J’aime la lumière de l’aube et celle du crépuscule, j’aime les soirées d’été quand cette lumière dure très longtemps. J’aime m’asseoir sur le dernier coin de soleil d’une pièce, d’un parc. Je ne supporte pas la pression avant l’orage, et les températures au-dessus de vingt-cinq. Avec ma soeur petites dans le jardin, on remplissait des caisses en plastique d’un fond d’eau fraîche ça faisait des piscines pour pieds. J’aime encore à le faire dans une bassine sur le parquet, sans déborder juste pour souffler quand l’air devient trop chaud.

J’aime dégrossir les choses, avoir une idée puis la développer, partir dans tous les sens et dans tous les élans de créativité, préparer, bâtir des plans détaillés d’inspirations plus ou moins sérieuses, creuser. J’aime les détails, centrer les choses au pixel près, choisir la couleur idéale pendant des heures. J’aime le moment, la bascule où les choses deviennent claires et apparaissent telles que je les avaient souhaitées sans le savoir. Je n’aime pas les étapes intermédiaires, surtout quand elles impliquent d’y impliquer d’autres personnes. Mais j’aime me dédoubler quand je rédige le contenu d’un dossier, d’une dissertation : un mode automatique pour écrire, un oeil ravi de voir les choses se faire d’elles-mêmes. C’est transposable à de nombreuses activités. Je n’aime pas mettre le point final sans le sentiment qui l’accompagne.

J’aime relever les coïncidences, les choses insignifiantes qui deviennent importantes quand elles semblent liées. Quand la vie raconte une histoire.

J’aime le son du piano. Moins le son synthétique sortant du casque branché au clavier. Quand j’avais un vrai piano j’adorais, tenir enfoncée la pédale celle qui prolonge les notes quand je faisais mes gammes jusqu’à m’envelopper dans un brouillard sonore. C’est un peu ce que  je fais quand j’en écris des tonnes sans but.

J’aime quand après quelques films ou épisodes de séries en version originale, mes pensées jonglent entre les langues. I need a project. J’aime rêver dans d’autres langues, j’aime rêver avec des mots et du texte, j’aime surtout me souvenir d’une formule précise sortie d’un rêve. Je suis persuadée que les rêves lucides valent mieux qu’une psychanalyse. Les blogs aussi.

J’aime travailler pour les gens qui savent ce qu’ils veulent. Ou qui n’en savent tellement rien qu’ils me laisseront libre. J’aime les tâches qui paraissent insurmontables, disproportionner l’objectif et les moyens, m’attacher aux détails sans voir le fond. J’aime pas donner des exemples pour toutes mes manies. J’aime quand les idées naissent d’une discussion déraisonnée.

J’aime la nuit. Les villes la nuit, les aires d’autoroutes la nuit, les abords des villages les nuits d’été, les plages la nuit, les trains de nuit, écrire la nuit.

J’aime le thé à la menthe. Les desserts au café. J’aime pas faire des listes en colonnes. J’aime l’odeur du bois pyrogravé. Je n’aime pas qu’on soit dans mon dos. Sauf quand je tourne le dos. J’aime prendre les problèmes à l’envers, je n’aime pas qu’on observe mon mode de faire. Ça angoisse à long terme ma liberté. J’aime faire des listes en colonnes quand elles sont dans un carnet, ça remplit les lignes bien plus vite. J’aime tout et son contraire.

J’aime les photographies. Elles apaisent mes angoisses à base d’erreurs dans la mémoire. Je n’aime pas regretter les moments non photographiés, quand je n’ose pas prendre les gens en photo, quand je n’ose pas me laisser capturer aussi.

Je n’aime pas tant les listes, car elles n’ont pas de fin, c’est ce qui me plait aussi. S’arrêter non pas quand c’est terminé, mais quand autre chose attire l’attention.

J’aime les idées qui se fraient un chemin, inclassable, entre les listes.

La musique classique détourne, apaise ; sommeillent un moment mes angoisses.

juillet 19, 2012
par myel
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Bijoux fétiches de -pas si- grande fille

J’étais pas une fille à bijoux, je ne suis toujours pas une vraie fille à bijoux. Ça veut dire :je n’ai pas le réflexe accessoires, ma boite à thé reconvertie a beau être bien remplie, je n’ose compter les babioles jamais ou juste une fois sorties.

J’ai un collier fétiche. Une chaîne en argent fine sur laquelle s’enfile une fée dénichée à Biarritz, souvenir de vacances.

J’avais des boucles d’oreilles fétiches. Une danseuse de chaque côté qui se balançait, jusqu’à ce que l’une se fatigue et décroche. Souvenirs des premières Francofolies de Spa, je n’ai jamais retrouvé leur pareil.

Quand Maman m’a soufflé l’idée, de choisir de nouveaux bijoux comme beau cadeau d’anniversaire, c’était pas chasse gagnée. J’ai profité des sorties soldes où mon butin réduit se résumerait en deux mots clés : lingerie – blanc. Même une guêpière. Et même des bas. Mais j’ai trouvé aussi les bijoux désirés.

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Premier choix à La Mandragore, celle du 6ème. Des plumes pour mes oreilles. Et des papillons finement dessinés. Ça donne le ton : de la légèreté, de l’argenté (toujours), du facile à porter.

Deuxième craquage à l’autre Mandragore, celle du 11ème, en passant par là par hasard et juste avant l’averse diluvienne mémorable de l’article précédent. Un collier mi-cercle mi-double-papillon, pour rester dans le ton. J’ai été totalement séduite par cette asymétrie, pouvoir porter les papillons dans le cou, sur la poitrine, où ils voudront, pouvoir aussi accrocher une peut-être future trouvaille sur ce cercle sans nom.

Tout près je suis entrée chez Bird on the wire, avec le désir d’essayer leur bague plume enroulée, sauf qu’en vrai sur mon doigt c’était moins joli que posé sur leur comptoir, on ne voit plus la plume entière ce qui est logique mais dommage. Je l’ai rendue pour quand j’aurai des doigts de verre et j’en ai pris une autre, qui reste très nature, qui reste enroulée, qui reste ajustable et qui me va très bien.

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J’ai appelé Maman pour lui dire mes trouvailles, gardées au chaud dans une jolie pochette offerte par la Mandragore 2, jusqu’au repas d’anniversaire où j’ai pu les en déballer.

Vous noterez, comme Maman, que mes achats furent incomplets. Je n’avais pas trouvé de bracelet assorti, celui-là c’est elle qui me l’a choisi. Près de Lille et sans mon regard, surprise de plus, il complète parfaitement la parure.

Bon je vous le confie. Je ne porte jamais tout d’un coup. Je module le nombre de papillons sur ma tenue, et ma fée ne s’est pas éclipsée pour toujours. Mais déjà j’ai le réflexe du pouce cherchant sur l’annulaire, droit, la bague quand mon inattention l’éloigne de mon doigt.