Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

A la Merveille

mars 7, 2013
par myel
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À la Merveille (au rêve on s’éveille)

a_la_merveille(Synopsis SensCritique : ) Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu’ont vécue Neil et Marina à la Merveille — Le Mont-Saint-Michel — efface les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire d’Ukraine, Marina est divorcée et mère d’une fillette de 10 ans, Tatiana. Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation… Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes questions.

Voilà pour l’histoire. Le film ? N’a rien à voir. J’aurais été bien incapable de faire un tel résumé factuel, tout n’étant que flashes, suggestion, dialogues à sens unique, tout n’étant qu’émotion dans ces images.

À la merveille est une expérience étrange à décrire, un film singulier, je n’ai pas de repères. Parait que Terrence Mallick en a fait bien d’autres, et qu’il a ses adeptes ; j’y suis allée vierge de toute connaissance. La bande annonce m’avait frappée : je n’aime pas les bandes annonces narratives, je veux qu’on me suggère juste l’ambiance et le thème principal pour savoir si j’accroche ou pas. Là j’étais restée coite, j’avais retenu le titre (merveilleux) et la date (toute proche).

En fait le film entier est à l’image de cette bande annonce : il ressemble à un rêve. De ceux qu’on fait la nuit avec ses images poétiques, symboliques. Les voix off nous guident dans une quête en vain de l’amour, de savoir où aller, qui écouter, pourquoi donc se déraciner. Les personnages se déchirent les uns (sans) les autres, se trouvent et se perdent en silence, dans une danse.

L’univers onirique est habité de ces corps, en mouvement. Peu de dialogues mais reposés sur la musique et la beauté des gestes, des bras qui se frôlent, des jupes qui tournent et volent, des regards qui s’évitent, des courses folles dans les champs, des renverses, des attaches et des voiles.

J’en suis sortie difficilement : ce n’est pas un rêve heureux mais le regard qu’il suggère sublime tellement les personnages, les paysages, les sentiments, que marcher dans la rue, croiser les préoccupations des passants m’a semblé si banal, presque vulgaire, manquant de poésie.

Alors j’ai ouvert les yeux, encore plus grand, et j’ai fait la voix off : rien n’allait mieux mais tout était plus beau. J’avais le cafard, le bourdon… et nous dansions.

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

mars 4, 2013
par myel
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{Searching for} Sugar Man

sugar_manAu début des années 70, Sixto Rodriguez enregistre deux albums sur un label de Motown. C’est un échec, à tel point qu’on raconte qu’il se serait suicidé sur scène. Plus personne n’entendit parler de Rodriguez. Sauf en Afrique du Sud où, sans qu’il le sache, son disque devint un symbole de la lutte contre l’Apartheid. Des années plus tard, deux fans du Cap partent à la recherche de « Sugar Man ». Ce qu’ils découvrent est une histoire faite de surprises, d’émotions et d’inspiration. (synopsis SensCritique)

Après avoir attendu samedi soir que Sublimes Créatures prenne un tour rock & roll*, fallait dimanche que je plonge dans une histoire avec des guitares, quelque chose de plus étonnant : Sugar man tombait à pic !

Je l’avais repéré dans le programme du Majestic, un documentaire rock sur un inconnu-star des années 70. Y-a-t-il vraiment de quoi en faire un film ? Oh oui ! Et la réalité offre même, le meilleur scénario que je n’avais croisé depuis longtemps. Un destin incroyable, même devant les images on se dit “C’est une blague”, non juste une aventure de dingue.

Faut le voir comme un film, en évitant d’en savoir les détails avant, pour l’effet des surprises. Le documentaire est d’ailleurs tourné de façon peu conventionnelle, mêlant des extraits des morceaux de Rodriguez, des images d’époque, d’aujourd’hui, s’entrelaçant pour devenir un instant dessin animé !

rodriguezJ’ai l’air enflammé pourtant j’ai loupé tout le passage sur la lutte contre l’Apartheid, mes yeux fatigués du week-end n’arrivant plus à lire les sous-titres j’ai dû les laisser se reposer un peu. Ça devait être le passage du milieu, je me suis raccrochée quand la quête avançait du côté de Detroit. Presque envie d’y retourner pour rattraper ça…

Ce qui ressort surtout, au-delà du destin de Sixto Rodriguez, c’est l’immense classe de cet homme dans la vie. Il a ” l’aura des grands”, malgré une condition modeste travaillant comme ouvrier en démolition. L’intelligence d’un sage, la philosophie d’une culture accessible à plus que l’élite, le physique atypique d’un rockeur, et deux albums qui auraient pu faire partie des classiques de l’époque.

Si le succès avait été au rendez-vous. S’il n’avait pas vécu simplement dans l’ombre. Et si et si et si. Ça aurait été moins captivant si l’histoire s’était contée autrement.


alden-ehrenreich-romain-humeau* Je devais être la seule dans la salle à penser fixement qu’Alden Ehrenreich avait un air de Romain Humeau, version adolescent. Dans les cheveux, dans les mimiques, dans le sourire, le regard… Non ?

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

happiness therapy

février 26, 2013
par myel
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Happiness Therapy

happiness_therapyLe synopsis* qu’on trouve partout est un des moins vendeurs que je n’ai jamais lu. Donc je ne le mets pas, voyez la bande-annonce, lisez la suite, voilà. L’affiche et le titre ont aussi un faux air de comédie romantique, enfin c’est que je pensais, avant de voir la note sur senscritique, pas si mauvaise, surtout celles de mes “éclaireurs” comme on dit sur ce chouette site. Alors je suis allée le voir avec l’espoir, d’une bonne surprise.

Et c’est une bonne surprise ! Le film m’a tellement donné la pêche que j’ai décidé de zapper les deux brouillons des films vus en fin de semaine dernière pour écrire sur le vif, rattraper cet idiot retard du départ. Dommage pour Passion et Lincoln qui avaient pourtant de bons intérêts… Tant mieux pour celui-ci.

C’est un film en montagnes russes, à l’image de Pat et ses émotions. Fraîchement sorti de huit mois d’hôpital psy, Pat est à la fois débordant d’énergie positive, croyant follement à son rayon de soleil, et capable de plonger dans de vilaines crises pour un rien. Sur le chemin de la reconstruction, il croise la route de Tiffany, aussi pommée que lui : ils s’accrochent, se remuent l’un l’autre, se soutiennent… Ce n’est pas une rencontre amoureuse bateau, le scénario du moment difficile qu’on surmonte mieux à deux : non c’est abîmé, instable, inavoué, subtil.

Les personnages secondaires** sont des fous non officiels, des fous de la vie quotidienne pas de ceux qu’on enferme, et pourtant. Ils ont des tocs, mettent en jeu leur avenir sur des superstitions, ou se disent au bord de la crise de nerfs.

Et l’on se marre. On pouffe, intelligemment. Sur les mots, les situations, les expressions : la salle faisait de petits bonds auxquels participait mon siège. J’ai aimé ne pas être seule devant ce film, et sentir qu’autour aussi les gens l’appréciaient. Le vivaient.

On en ressort débordant d’énergie, avec l’envie d’avancer dans la vie, de croire au hasard des rencontres et à la puissance de la volonté. On en ressort débordant d’énergie, une vague à la Garden State, comme si de la falaise on avait hurlé un bon coup, pour être frais, dispo, impatient de vivre la suite. Ou comme dans Le monde de Charlie, la sortie du tunnel sur un fond de Bowie.

Une bouffée de bonheur à s’insuffler !

* toujours un mal fou à taper ce mot, synopsis, mes doigts décalent les naturellement : sysnopis

** en plus j’étais fière quand à la moitié du film, j’ai remplacé la pensée “déjà vu cette tête là” par “Robert de Niro”, encore plus fière en vérifiant le générique (je suis vraiment nulle en acteurs généralement). Et en rentrant j’ai fait de même avec la jolie soeur de Tiffany, c’était la petite amie de Dexter dans la saison 5, Lumen, google m’a aidé pour le nom : Julia Stiles.

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

hitchcock

février 26, 2013
par myel
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Hitchcock + Hôtel Transylvanie = combinaison frisson ? Non !

hitchcockC’était l’avant-dernière séance à l’UGC tout près, Hitchcock mardi soir, malgré les affiches qui trônent encore dans la ville aujourd’hui. Le programme le classait comme comédie, ou bien j’ai dû rêver, parce que je n’ai pas ri, je n’ai pas accroché en fait.

C’était intéressant, d’un point de vue instructif, enfin si le film est du genre fidèle, à la réalité. On apprend l’envers du décor de la genèse d’un film, depuis l’idée jusqu’à la projection publique, l’engouement, les obstacles, les doutes et la ténacité. L’envers du personnage aussi, dont je ne connais pas l’endroit d’ailleurs, ayant vu seulement deux de ses films il y a une dizaine d’années. La relation avec sa femme, ses angoisses, ses obsessions, ses éclats… C’est instructif au fond.

Je n’ai pas accroché au film pour lui-même, je veux dire, si Hitchcock était un personnage fictif, un réalisateur imaginaire dont on tire le portrait ici, je n’aurais pas vu l’intérêt. Le rythme était bancal, je n’ai rien mesuré mais me suis surprise à penser à autre chose, c’est qu’il y avait des creux. Tout était attendu, jusqu’aux derniers mots. Juste envie de voir Psychose en sortant, histoire de trembler un peu.

Mince comme c’est dur d’écrire quand on était déçue.

Alors qu’avec Hôtel Transylvanie, en VF de surcroît, je n’attendais que de passer un temps divertissant, pas d’être fascinée comme Hitch’ j’imaginais. Je suis sortie fâchée.hotel_transylvanie

Ce que j’aime dans les films d’animation, c’est rêver simplement. Pas d’intrigue sophistiquée, quelque chose de simple et magique réveillant le bon côté de nos “âmes d’enfant”. Du type Là-haut, Charlie et la chocolaterie, ou Wall-E, vous voyez ? De l’animation avec de la poésie… Pas de la soupe marketée pour les pré-ados, reposant juste sur le casting. Ok le casting, c’est le thème du film, tous les montres stars sont présents, font des blagues de bas niveau, brodent comme des débutants sur le thème de la tolérance…

Pourtant j’aimais bien l’idée, trouver les méchants sympathiques c’est dans la tendance, qu’ils aient peur des humains ce n’est pas vraiment nouveau mais j’avais eu envie d’aimer. Le résultat est trop moderne à mes yeux, dans le mauvais sens de moderne, c’est pas juste “frais”, ça “zing” ! Concept de fin de soirée brainstorming. Je préférais l’amour des contes de fées. A 24 ans je déclare être une vieille rabat-joie, voilà.

Les bandes-annonces quand même, en attendant la rencontre de demain.
Morale, on n’a pas de coup de coeur sur tous les chemins.

PS : J’oubliais deux trucs positifs, dans mon élan de grogne : les costumes d’Hitchcock sont délicieusement fifties, j’aimerais trouver le même maillot de bain rouge qu’Alma ! Et les images de fin de générique d’Hôtel Transylvanie sont plus belles que le film, graphismes doux, font presque oublier la chanson finale qui vraiment m’a gonflée.

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.


Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution

février 23, 2013
par myel
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Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution

alphaville_une_etrange_aventure_de_lemmy_cautionDans une époque postérieure aux années 1960, les autorités des “pays extérieurs” envoient le célèbre agent secret Lemmy Caution (Eddie Constantine) en mission à Alphaville, une cité désincarnée, éloignée de quelques années-lumière de la Terre. Caution est chargé de neutraliser le professeur von Braun, despote d’Alphaville, qui y a aboli les sentiments humains. Un ordinateur, Alpha 60, régit toute la ville. Un message de Dickson, un ex-agent secret, ordonne à Lemmy de “détruire Alpha 60 et de sauver ceux qui pleurent”. Mais ce dernier est enlevé, interrogé par Alpha 60 et condamné à mort… (synopsis allocine)

Mais oui le Majestic propose aussi des rééditions de films anciens, pas juste de la saison dernière mais parfois des années 60, l’occasion de redécouvrir des versions restaurées, ou juste de voir en grand des classiques datant d’avant qu’on soit né.

Mais non les articles ne vont pas être deux fois plus courts à chaque fois, sinon demain c’est fini je remballe, déjà. Juste que devant celui-ci je me suis endormie, pas dès le début mais pas loin, pas jusqu’à la fin mais pas loin, avec de nombreux passages clignotants les yeux qui piquent, et puis le film clignotait aussi, du noir, du blanc, des lumières jaillissantes, ou bien c’était mon rêve…

Je retiendrai la beauté d’Anna Karina, le phrasé poétique, une sombre histoire de machines et de mots qui se perdent… A revoir en plus grande forme !

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

Blancanieves

février 22, 2013
par myel
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Blancanieves

blancanieves

Sud de l’Espagne, dans les années 20. Carmen est une belle jeune fille dont l’enfance a été hantée par une belle-mère acariâtre. Fuyant un passé dont elle n’a plus mémoire, Carmen va faire une rencontre insolite : une troupe ambulante de nains toreros qui va l’adopter et lui donner le surnom de “Blancanieves”. C’est le début d’une aventure qui va conduire Carmen/Blancanieves vers elle-même, vers son passé, et surtout vers un destin à nul autre semblable… (synopsis allociné)

La rencontre avec Carmen a eu lieu mardi soir, inauguration de mon abonnement, pourtant j’avais déjà croisé cette affiche sur les Champs Elysées, un dimanche soir de fin janvier, à la recherche d’un univers où s’oublier. Mais la séance allait commencer, pas le temps de prendre un billet, j’avais remonté l’avenue pour attraper de justesse Le monde de Charlie, mais c’est une autre histoire.

L’affiche m’avait capturée du regard, intense comme un défi, de Macarena García* ; le noir, le blanc, le rouge comme une bouche pomme à croquer, le mythe revisité chuchotaient comme un envoûtement : “viens nous admirer”.

Le film a démarré, j’ai tiqué sur le format 4/3, à l’ancienne, les premières images sont en noir et blanc, musicales. Très vite je souris intérieurement : pour un baptême de carte on ne pouvait pas trouver mieux, le film est muet, pas une touche de rouge ne viendra contraster les nuances de gris mais ça ne manque pas.

L’histoire se passe sur fond de corrida, déborde de musique espagnole. C’est un art auquel je n’ai jamais adhéré, la corrida, mais telle qu’elle est présentée dans le film elle n’est pas dérangeante (l’absence de couleurs doit jouer aussi). L’esthétisme et l’audace sont soulignés, la violence semble toucher moins souvent l’animal que le torero… Je suis inculte des règles de cette tradition, mais il y a une scène où le public demande la grâce du taureau, comme une vague de joie qui s’empare de la foule et tous sont enchantés que la vie lui soit laissée : je suis restée perplexe à penser “Pourquoi ? Comment peut-on se ravir à la fois de la violence, et de son absence ?”.

Au-delà du cadre de l’Espagne des années 20, l’histoire dépeint surtout le parcours de cette enfant maudite, recherchant l’amour de son père dont elle vit séparée, qu’elle connaîtra trop brièvement. Recherchant son identité aussi, d’autant plus lorsqu’elle perd la mémoire, rencontre les (pas sept) nains et devient Blanche-Neige. A quelques adaptations réalistes, son histoire est assez proche du conte, on y avance en imaginant comment va être traitée la prochaine péripétie classique… Je ne raconte pas, pour vous laisser imaginer, ou voir le film.

Le fait qu’il n’y ait pas de son autre que la musique accentue toutes les émotions, c’est ce que j’ai préféré observer : les visages parlent, même ceux des figurants sont impressionnants d’intensité. Comme si tout devait être exagéré, comme au théâtre peut-être… Les scènes cocasses paraissent presque clownesques, les drames sont encore plus noirs, sombres comme les apparitions de la méchante belle-mère alors que la beauté de l’innocence et celle de la danse respirent la poésie.

Je ne suis pas sortie en ayant adoré ce film, ses qualités ont chacune leurs limites, mais en écrivant quelques jours plus tard** je ressens comme il était singulier, une rencontre particulière au regard qui ne s’oublie pas.

* Macarena est un prénom, pas juste une danse ridicule : un mythe de mon enfance tombe !!

** J’ai vu trois autres films depuis, et regrette presque d’avoir hésité le premier soir démarrer ce blog de suite, pour écrire sur le vif. J’essaierai pour la suite de tenir le journal à jour au fur et à mesure…

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.