Indiscretions et mutineries

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Blancanieves

Blancanieves

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blancanieves

Sud de l’Espagne, dans les années 20. Carmen est une belle jeune fille dont l’enfance a été hantée par une belle-mère acariâtre. Fuyant un passé dont elle n’a plus mémoire, Carmen va faire une rencontre insolite : une troupe ambulante de nains toreros qui va l’adopter et lui donner le surnom de “Blancanieves”. C’est le début d’une aventure qui va conduire Carmen/Blancanieves vers elle-même, vers son passé, et surtout vers un destin à nul autre semblable… (synopsis allociné)

La rencontre avec Carmen a eu lieu mardi soir, inauguration de mon abonnement, pourtant j’avais déjà croisé cette affiche sur les Champs Elysées, un dimanche soir de fin janvier, à la recherche d’un univers où s’oublier. Mais la séance allait commencer, pas le temps de prendre un billet, j’avais remonté l’avenue pour attraper de justesse Le monde de Charlie, mais c’est une autre histoire.

L’affiche m’avait capturée du regard, intense comme un défi, de Macarena García* ; le noir, le blanc, le rouge comme une bouche pomme à croquer, le mythe revisité chuchotaient comme un envoûtement : “viens nous admirer”.

Le film a démarré, j’ai tiqué sur le format 4/3, à l’ancienne, les premières images sont en noir et blanc, musicales. Très vite je souris intérieurement : pour un baptême de carte on ne pouvait pas trouver mieux, le film est muet, pas une touche de rouge ne viendra contraster les nuances de gris mais ça ne manque pas.

L’histoire se passe sur fond de corrida, déborde de musique espagnole. C’est un art auquel je n’ai jamais adhéré, la corrida, mais telle qu’elle est présentée dans le film elle n’est pas dérangeante (l’absence de couleurs doit jouer aussi). L’esthétisme et l’audace sont soulignés, la violence semble toucher moins souvent l’animal que le torero… Je suis inculte des règles de cette tradition, mais il y a une scène où le public demande la grâce du taureau, comme une vague de joie qui s’empare de la foule et tous sont enchantés que la vie lui soit laissée : je suis restée perplexe à penser “Pourquoi ? Comment peut-on se ravir à la fois de la violence, et de son absence ?”.

Au-delà du cadre de l’Espagne des années 20, l’histoire dépeint surtout le parcours de cette enfant maudite, recherchant l’amour de son père dont elle vit séparée, qu’elle connaîtra trop brièvement. Recherchant son identité aussi, d’autant plus lorsqu’elle perd la mémoire, rencontre les (pas sept) nains et devient Blanche-Neige. A quelques adaptations réalistes, son histoire est assez proche du conte, on y avance en imaginant comment va être traitée la prochaine péripétie classique… Je ne raconte pas, pour vous laisser imaginer, ou voir le film.

Le fait qu’il n’y ait pas de son autre que la musique accentue toutes les émotions, c’est ce que j’ai préféré observer : les visages parlent, même ceux des figurants sont impressionnants d’intensité. Comme si tout devait être exagéré, comme au théâtre peut-être… Les scènes cocasses paraissent presque clownesques, les drames sont encore plus noirs, sombres comme les apparitions de la méchante belle-mère alors que la beauté de l’innocence et celle de la danse respirent la poésie.

Je ne suis pas sortie en ayant adoré ce film, ses qualités ont chacune leurs limites, mais en écrivant quelques jours plus tard** je ressens comme il était singulier, une rencontre particulière au regard qui ne s’oublie pas.

* Macarena est un prénom, pas juste une danse ridicule : un mythe de mon enfance tombe !!

** J’ai vu trois autres films depuis, et regrette presque d’avoir hésité le premier soir démarrer ce blog de suite, pour écrire sur le vif. J’essaierai pour la suite de tenir le journal à jour au fur et à mesure…

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

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