Parfois tout ça ressemble à un cauchemar. Le goutte à goutte de la lessive à la main qui s’essore, les enfants des voisins du dessus qui s’écroulent et pleurent, leurs parents qui hurlent par dessus, l’eau qu’ils font couler sans cesse quand les enfants pleurent et qu’ils crient en anglais. Parfois tout ça ressemble à une crise, une angoisse, des douleurs environnementales en boucle. Des relents de télévision, le pc qui tourne bien trop fort, les gouttes encore, les pleurs et les gouttes.
Et mes mains sèches et les fêtes qui approchent, et la peur de ne vivre que pour les moment où l’on vibre, et la peur de ne plus vibrer.
Et la dépendance qui tire la langue à la liberté.
Et la lumière douce de la lampe de chevet qui tente en vain de m’apaiser.
Parfois tout ça ressemble à un cauchemar. Les murs bien trop serrés sur lesquels je me cogne, bien trop souvent, et tout ce qui me glisse des mains, sèches, à cause de la lessive aussi. Et ces mains que j’abîme et cette peau que j’abîme, et ce corps avec lequel je ne suis toujours pas en accord. Je ne dépend que des yeux qui s’y posent. Je veux leur plaire et je suis maladroite. Bien trop bancale pour être jolie. Je marque, de même que sur mon esprit s’imprime chaque angoisse.
Je ne vis que pour le désir, de se sentir en vie.
Je tremble, de ne ressentir que la crainte.
Alors je lis, ce qui ne va rien arranger. Un livre attrapé par hasard sans trop avoir le choix. Le hasard et le choix, mon ami mon ennemi.
“Il a un sourire à tomber à la renverse et, la renverse, j’ai toujours cru que c’était la vraie vie.”*
*Mathieu Lindon, Ma Catastrophe adorée