Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

juillet 7, 2012
par myel
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Play me I’m yours

Je ne fais pas que lire ces derniers temps, loin de là même, mais l’envie d’écrire se fait moins urgente, alors les jours passent et tout finit en un post sans ordonnance…

J’ai conquis ce jour l’alter ego ivoire de ma lingerie démoniaque de novembre ; malgré ses airs angéliques donc, il m’attribue le même indécent décolleté que son frère bleu nocturne, passons, passons…

Ma nouvelle pilule a un joli p’tit nom, semble parfaitement marketée, packagée, je compte sur elle, vraiment.

deluge-paris

A chaque fois que tombe un déluge, ce qui à Paris se multiplie avec l’été (= alternance entre une heure de juillet, vingt minutes de mars, une…), je ne songe plus à la chansonmais mes pensées se portent vers le free-piano du parc Montsouris. Le pauvre petit fut impraticable à ma première visite, il avait pris une douche ce qui avait décollé le blanc des touches et fait gonfler le bois… A la contre-visite, sur la route d’une balade entre princesses, il semblait se porter à de nouvelles merveilles vu ce qu’un jeune homme lui faisait chanter.

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Ce largage de pianos criant “Play me I’m yours” n’a fait que gonfler mes envies “de m’y remettre”. Sachant que j’ai stoppé les cours l’année de mes douze ans (mémoire, mémoire, dis-moi si tu m’es fiable…). Sachant que j’en ai vingt-quatre depuis peu. Vous voyez le gouffre ? Sur un quarante-neuf touches de fortune, synthé branché sur un mini pc, avec des partitions en pdf, j’ai repris doucement la main…

Et l’oreille en m’efforçant de reproduire des mélodies, accords, accompagnements rien qu’à l’écoute. Avec la fierté de tomber juste en persévérant. Bref le gouffre j’ai sauté dedans.

Je repense à mon tout dernier professeur de solfège, qui nous contait quand on était largués une métaphore piscinale dont j’oubliai bien vite les mots exacts, mais il était question d’avoir toujours la tête sous l’eau, d’augmenter le niveau sans cesse pour ne jamais avoir le sentiment de réussir les exercices en cours, mais ainsi dès qu’on reprenait une épreuve du passé, elle devenait facile. C’est une idée qui m’est toujours restée…

Ce qui ne m’empêche pas de terminer en vrac : par deux soirs la lune m’a interpellée par son éclat, on a dîné dans un wagon-restaurant, l’averse de cet après-midi avait des airs de fin du monde, ai-je pensé en même temps que la vendeuse de la Mandragorequi servit d’abri, un article “nouveaux bijoux” est d’ailleurs à venir…

arc-en-ciel-paris

Sur ce, filons à Lille pour les fêter, ces vingt-quatre ans !

juillet 4, 2012
par myel
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Missive expérience n°3

Elle est aussi épaisse que l’air est lourd, la brume qui me transporte. Que je transporte. Je l’effiloche à petits pas, mais qu’elle est attachante ! Quelle glue ! Quelle sangsue ! Un vrai manteau d’air humide et brûlant alors qu’il y a longtemps que les vents estivaux réclament le contact de ma peau. Les orages qui n’éclatent pas sont tenaces…

Je me demande si, il est plus aisé de se défaire d’un souvenir vécu, ou d’un désir interrompu ? Si,  il faudrait se détacher de ces émotions, ou les garder bien au chaud dans un carton ? Si, quand tout est bien au chaud, bien rangé, vaudrait pas mieux allumer un grand feu, de joie pour faire tout exploser ?

Qu’en pensez-vous ? Dans votre fauteuil de velours entre deux blondes bien fraîches… Vous êtes loin des orages et pourtant, ça vous arrive aussi avouez. De tirer sur les chaînes qu’on se forge pour savoir, combien de temps ça peut bien tenir ces fondations-là. En béton armé, fer gravé, câbles enterrés ; on s’accroche autant qu’on y croit. Tout s’effrite…

Qu’en pensez-vous ? De toutes ces directions qu’on n’a pas choisies. Des panneaux en lambeaux de n’être pas suivis. De la nécessité des évidences et des angoisses qui naissent de leurs absences ? Ça ne vous reste pas en travers, de la gorge comme un rhume ? Et quand vous toussez osez dire que ça ne se mue pas en brume !

Je ne suis pas colère. J’essaie même de vivre enchantée. Je suis juste épuisée de l’accablante aura que renvoie le miroir, chaque matin comme un poids, chaque geste comme un oubli de soi.

Voilà pourquoi je tourbillonne quand je t’écris. Pourquoi je tornade quand je croise vos yeux. Je sais que tu détiens la poudre, et l’étincelle pour allumer l’orage, que vous me déshabilleriez bien volontiers de mes regrets. Mais rien n’entame l’espace du brouillard caténaire qui me maintient en place. Vous riez. Je songe à la combustion spontanée.

juin 29, 2012
par myel
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Ceci est un livre de fou(s) !

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(mises à jour en cours de lecture) Lecture achevée, déroutante avec des balises qui percutent. J’ai eu besoin de temps pour me noyer dedans, n’en parcourant que quelques pages à chaque bouchée, un court chapitre à la fois, puis deux, puis trois, puis au parc, puis terminé au moins cent pages d’une traite. J’ai ri sur le canard et de bon coeur, j’ai été touchée par les folies des gamins, les petits comme le grand… J’ai aussi eu quelques moments d’ennui, d’égarement, mais on oublie vite ça quand on referme un livre.

Quelques notes :

“J’avais toujours pensé que quand on aimait quelque chose autant que ça il était tout naturel de vouloir être cette chose.”

“C’est un type qui rentre chez un agent théâtral avec un chien sous un bras et un canard sous l’autre.
– Je présente un numéro formidable, dit le type. Il faut que vous voyiez ça.
– Si vous voulez, dit l’agent. Mais faites vite, j’ai du travail.
Le type se plante devant l’agent, fait un signe de tête au chien qui ouvre la bouche et se met à chanter Only you mieux que les Platters.
L’agent manque d’en avaler son cigare.
– Un chien qui chante, s’écrit-t-il, c’est fantastique !
– Pas du tout, répond l’homme. Le chien ne chante pas. C’est le canard qui est ventriloque.”

“J’avais l’air de n’importe qui d’autre.”

“Il est important, songeai-je, de bien regarder les choses quand on les quitte sans quoi ce sont elles qui nous quittent.”

“Dans la patrie des hommes libres et des braves qu’est la nôtre, et où bien peu sont libres et la bravoure assez ridicule pour être portée à l’écran, qui pourrait en vouloir à quiconque refuse de mettre le nez dehors ?”

“Il ne dépendait que de moi de maintenir les choses en l’état par l’espoir. En marchant toujours d’un pas en retrait de son souhait,on le fait exister à jamais. En le rattrapant, on le fait disparaître pour toujours.”

Howard Buten, Monsieur Butterfly

juin 23, 2012
par myel
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Génération Réservoir, première, dernière ?

L’an dernier j’avais fêté la musique avec quatre jours d’avance ; le décalage se réduit avec l’âge, je suis sortie la veille de la date officielle. C’est la peur de l’orage du lendemain, couplée à un statut facebook qui m’ont poussée dehors, pour une soirée improvisée au Réservoir.

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 On n’m’avait pas prévenue, que le Réservoir c’était pas les Trois Baudets. Qu’ici quand on annonce 20h c’est 21h10 alors j’ai pris des notes, des pages de notes dans mon carnet, puis j’ai erré dans le quartier, mangé un bout (les six makis en face au prix du jus d’orange dedans…), repris des notes sur un coin de table à la lueur d’une bougie (lieu commun qu’on ne fréquente pourtant pas communément), observé le public arrivant seul, en groupe, pour boire ou pour manger, pour quelques uns pour écouter…

Oui j’ai l’air de râler, ça vaut un saut de ligne comme une saute d’humeur. J’aime à raconter les endroits qui m’ont charmée, où je voudrais me faire souris pour y rester, là j’ai pas accroché. Il y avait pourtant bien des fauteuils rouges, et d’autres de velours, même les deux à la fois. La salle a bien son charme mais chargé, d’un je-ne-sais-quoi qui m’empêcha de chavirer. Peut-être aussi que le public peu attentif et bruyant m’a un peu déroutée…

Pourtant c’était une agréable soirée (encore un saut de ligne et un changement d’humeur). J’ai retrouvé Jeanne Plante, sans avoir beaucoup écouté ses titres depuis avril dernier je les ai trouvé familiers, presque à les fredonner, gardant certains refrains en tête pour la soirée, et même la journée qui suivait. En posant l’appareil-photo sur la table pour filmer malgré les serveurs, les bruits de couverts et les discussions voisines entre quatre bières j’ai pensé : autant faire un concert dans un resto universitaire, puis j’ai souri à cette idée puisque certains l’ont fait.

Pour être courte et gentille, je vais dire que le deuxième groupe n’était pas à mon goût. Même que mes voisins sur le siège de droite étaient d’accord très fort.

Après (recherche du nom quand même) Bruno Gugliemi, nous étions donc au moins trois à attendre d’Alienor une bonne fin de soirée. C’était plutôt facile, et plutôt agréable, énergique, visuel, sans énorme coup de cœur mais je les réécouterai bien volontiers…

Des tonnes de notes encore sur compagnon-carnet, sur les quais du métro dont notamment l’idée, d’animer les attentes avec un sac de boxe, des affiches de yoga, un piano* ou des petits livres en libre accès, voire un animateur de débats de comptoir à poursuivre sur la route avec ses désormais voisins de barre. J’ai arrêté d’écrire et de fredonner quand trois personnes sont montées formant un groupe guitare / voix / sac-en-cuir improvisé puis j’ai fermé les yeux bercée par la musique, de fête, jusqu’au dernier arrêt.

Les vidéos reflètent mon vote de soutien à bulletin pas secret :


Les concerts en entrée libre du Festival Génération Réservoir se poursuivent tout l’été, retrouvez toutes les dates par ici.

* Les phénomènes d’inconscient collectif me réjouissent. Comme avec ce projet en cours à Paris, “Street Pianos” : 40 pianos en liberté jusqu’au 8 juillet. Ça exalte mes envies ravivées depuis quelques temps de faire à nouveau valser mes dix doigts. Mais en secret. Le temps de reprendre la main. Ça exalte surtout mes rêves d’instants magiques inopinés, au coin d’un parc ensoleillé…

juin 20, 2012
par myel
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Madrid, l’été juste avant la saison

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J’ai ramené la marque du short en presque-haut des cuisses, parce que les jupes s’envolent sous le vent madrilène. J’ai ramené des rayons de soleil aussi, semble dire mon balcon à deux pas de Paris même si les baies vitrées susurrent que ça n’va pas durer. Sont bicolores mes jambes, mon décolleté, mes épaules et mes pieds aux z’orteils masqués. Enfin si vous voyiez l’état du front… Bref j’aime pas les regrets alors je me réjouis que ce teint estival avant le solstice musical fasse ressortir le blanc de mes ongles canons, incassables depuis que j’ai compris comment (leur) arrondir les angles.

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C’était des vacances filles, donc un commentaire fille… Des vacances destructrices de voûte plantaire à coups de grands parcs et de petites rues, de shopping et de grandes avenues, et des qui montent et qui se descendent à pas lents. Des vacances au rythme local, de terrasses en terrasses, de jus d’orange frais en tapas, de sangria en retapas, de caipirinha sans tapas mais à la fraise. De pizza salvatrice à trois heures du matin quand les errants naviguent entre les portes-vitrines à neuf pour dix fermées.

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J’ai assez peu adhéré à la ville elle-même, l’originalité de Barcelone demeurant coup de cœur, mais je retiendrai de bonheur : les siestes en herbe contre la peau, la liberté du dos sous la dentelle, l’empilement des tortues dans la gare-jungle Atocha, le tombé dans le bain glacé contrastant le hammam, le pain-tomate croustillant du matin, les rencontres surréalistes chez la Reina Sofia ; et les amies surtout, les confidences à la nuit trébuchée, les éclats de rires et tous les sourires. Qui gravent aussi leur soleil sur la peau.

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