Indiscretions et mutineries

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octobre 14, 2012
par myel
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Dix clichés de saison

Je n’avais pas envie de les mettre en petit, je voulais qu’elles prennent tout l’écran. Qu’en cliquant dessus ce soit à peine plus grand.

Images d’automne, clichées. Sucrées. Ensoleillées. Rien à voir avec le brouillard qui m’a réveillée ce matin, comme si le jour n’allait jamais monter. Comme s’il boudait dans une couverture grise, et brumeuse de novembre avant l’heure.

Ce soir le rayon de soleil passant sur ma bouteille a duré deux minutes. C’est pas comme ça qu’on peut apprécier la saison…

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octobre 1, 2012
par myel
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Automotisme #4

Quelle est la valeur des ombrages ? Crevasses ? Territoires tournés vers le nord ? Que puis-je faire de ce fou, paradant sans se voir dans la nuit permanente ?

J’appréhende le retour à Terre. D’un voyage qui n’en finit pas, d’une errance irréelle, sur un navire qui ne l’a sans me dire peut-être jamais quitté, le port.

J’appréhende le retour au port. Le vide ou la foule sur le quai. Les cris de joie ou les huées. Le souffle plus ou moins coupé. Je ne saurai leur dire jusqu’où je suis allé car je n’en ai rien vu. Pas de paysages, pas d’horizon au large, aucune tempête pour maltraiter ma barque, aucun orage. Tout s’est fait d’en dedans. Du fond de la cale où je suis posé. Oublié ? Quand où qui viendra me chercher ?

septembre 29, 2012
par myel
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Premier vent d’automne

Tous les ans je pourrais faire un roman d’automne. C’est une saison qui me fait trébucher, sur les racines des arbres rougissants, tanguer, me rattraper aux branches et m’asseoir sur un banc. Fascinée, impatiente des trouvailles, comme une veille de rentrée.

Au Jardin des Plantes dans mon pull, j’écoute les passants, très italiens ; remonte le souvenir de fin septembre dernier où c’était en manches courtes que la nuit avancée je rentrais sans trembler. De pas si loin de là.

L’automne révèle, tombent les feuilles, les angoisses. Glissent les audaces. Perlent les folies douces.

L’automne est à mes yeux comme la lumière juste avant le couchant, qui durerait longtemps.

Cherchons une place au soleil…

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* picture by the great Nikki Chicoine

septembre 15, 2012
par myel
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Eiffel à La Flèche d’Or

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Oui je débute par une photo de la fin du concert, pour illustrer l’état dans lequel tout le monde s’en est sorti. Le groupe autant que le public. Imaginez danser dans un sauna pendant plus de deux heures… Voilà. Exactement ça.

Pourtant ç’avait commencé calme avec Andy Burrows, mais la chaleur était montante depuis l’attente, et renforcée quand ce fut le tour du groupe que la plupart attendait.

Baptême de concert “parisien” d’Eiffel, lundi dernier à la Flèche d’Or, après les avoir suivi dans les petites salles du Nord, adolescente. De la Boîte à Musiques où j’avais vu de la lumière, à la tournée solo de Romain Humeau en 2005, après laquelle je ne saurais trop dire pourquoi j’avais un peu lâché L’affaire… Captant les albums sans replonger dans le live. Ignorant même le succès d’A tout moment, tellement je regardais ailleurs, ou j’avais juste Les yeux fermés…

La tension du nouvel opus est montée depuis le printemps. Regain d’attention, bon timing, même si les concerts de la pré-tournée furent plus vite complets que je n’aurais pu imaginer… au point de presque désirer un revival de Spa, retenu par un soupçon de raison.

Début septembre, l’écoute de Foule Monstre m’a repiquée d’un regain d’énergie. Libre, Milliardaire, Chanson trouée, Chamade, Chaos of myself et les autres n’ont plus cessé de se mélanger pour hanter ma tête. Même que d’habiles rappels les mêlent aux refrains d’autres plus anciennes. Surtout depuis lundi où comme la Foule j’étais ravie d’entendre Sombre, Dispersés, Inverse moi, Il pleut des cordes… J’ai presque senti pousser 12 centimètres de semelles à mes pieds, presque dix ans tomber quand les confettis ont volé  sur Hype !

Ils sont retombés sur nos peaux glissantes, collantes, et s’y sont accrochés même si c’était la fin. De de sauna-rock explosif, de ce test de survie en milieu surchauffé. J’en suis sortie comme libérée, comme une adolescente, ayant halluciné le groupe dont les membres pérennes semblaient n’avoir pas pris une ride. Mais c’était bien réel, les vidéos le prouvent, les photos en témoignent. Un confetti souvenir en gage matériel.

août 28, 2012
par myel
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Le voyageur imprudent

Je n’avais pas lu un livre d’une traite depuis quelques temps, ou bien pour m’en débarrasser lassée d’avance comme les derniers Nothomb. Evidemment le semi torticoli n’aidait pas, à faire autre chose de mon dimanche… mais j’ai été toute absorbée à ce roman qu’il m’en fallait la fin. Et quelle fin.

J’ai rencontré Barjavel au lycée, je ne sais plus bien dans quel ordre : La nuit des temps, Le grand secret, et surtout Ravage. Ce dernier s’est inscrit en moi comme une évidence, et il fait partie des rares livres dont je me souviens des années après les avoir lus.

barjavel-le-voyageur-imprudentLe voyageur imprudent réalise quelques parallèles avec Ravage, qui a été écrit en premier ; raison pour laquelle je conseillerai de les découvrir dans l’ordre, pour que la rencontre soit intacte.

Ici Barjavel décortique les questions du voyage dans le temps, imaginant les conséquences, les risques, les tentations, les paradoxes… Il fait envoyer son personnage principal jusqu’à très loin dans le futur pour y voir le destin de la Terre et de l’Humanité.

Au-delà du dépaysement qu’amènent les différents voyages, ce sont surtout ces questions de destin, de fatalité, du rôle de chacun dans un but qui nous dépasse que j’ai ressenti à travers ce récit.

Mon favori ne changera pas, je relirai à l’occasion les deux autres connaissances, et surtout je découvrirai les autres livres de cet auteur à la prochaine occasion !

Une (longue) citation et demi pour la route, jamais représentative du livre en son ensemble, mais qui a pris place sur mon moleskine, et une autre toute mignonne  :

“Chez les bourgeois et chez les misérables, il retrouvait la même immense fatigue. Hommes et femmes, du même geste las, éteignaient la dernière lampe, et s’étalaient dans la nuit.
La résignation au gagne-pain, à la richesse, à la misère, aux jours perdus, au temps trop court, aux espoirs vagues, aux femmes, aux maris, aux patrons, aux plaisirs, à la peine, écrasait de son poids ces millions de corps allongés, qui ronflaient, grinçaient, gémissaient, se recroquevillaient, se détendaient en poses grotesques, sans parvenir à trouver pour une seconde, la paix.”
“… le visage paisible d’un enfant. Il s’attardait sur ce miracle, se demandait comment une si belle promesse pouvait pareillement faillir.”  p.78

“Ses yeux noirs, si grands, si rayonnants, semblaient à Saint-Menoux moins faits pour voir que pour être contemplés.” p.135

août 25, 2012
par myel
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Avancer sur les doigts d’une main

Les prétextes à sortir sont bien moins variés que nombreux, il était donc histoire d’un aller simple vers Lille et d’un photomaton. Quand j’ai de nouveau perdu pied. 

Attendant le premier, dix personnes devant moi, j’ai détourné par les rayons de la Fnac, Italie 2, Paris c’est pas loin de chez moi. Je n’avais pas de but et j’observais les gens, les livres qui croisaient mon regard, j’happais des bribes de discussions les oreilles déguisées d’écouteurs débranchés. Je n’avais pas de but, j’attendais autre chose.

Je me suis demandée ce qui me renversait, ce qui comptait vraiment ; voyant l’intérêt des passants pour ces tablettes, mangas, romans… Evidemment la question sentait fort le piège : ne me renverse-t-elle pas elle-même ? Pas plus que la réponse. Ou la difficulté de trouver des réponses.

J’ai mis dans la balance les sentiments, leur fulgurance. Les sensations de fuite qui retombent sur leurs pieds. Les tourbillons de mots. Les instants électriques. Se poser des questions. Ne pas trop oublier.

Rien de concret ? Si peu. Mes proches évidemment, quelques livres importants, des babioles en cartons, des lieux, mais c’est si lié à la mémoire…

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Je ne sais pas choisir, j’ai des passions multiples mais rien de renversant. Tout m’intéresserait quand l’humeur s’y prête. Rien ne vaudrait la peine de s’y jeter à l’eau, dis-je quand j’en ai trop sur le dos. Rien ne vaudrait la peine d’en vivre. Tout est si attaché, à un milieu, des codes, méthodes… sauf à rester chez soi et ne pas avancer.

Je ne vois pas d’espace où me sentir à l’aise. Et je sais tout autant que je m’adapterais dans toutes les boites carrées, jusqu’à en étouffer.

La file d’attente s’est écourtée, le photomaton m’aurait dévorée, bref je suis rentrée en chantant, marchant sur les deux pieds avec la sensation d’écraser mes racines.

C’est comme si j’étais toujours une enfant croyant au prince charmant, croyant à l’évidence, non pas amoureuse mais pour tout le reste. Le travail, les passions. Ça me tuerait qu’adulte on n’ait plus droit à ça, sachant que j’ai connu plusieurs fois ces virages, en chemin, le panneau clignotant “ta voie pour cette année c’est de ce coté là”. Est-ce justement ce fait de ne plus raisonner de septembre à juillet ? De ne plus avoir l’échéance implacable, du choix de la suite juste avant l’été ? De se dire celui-là si j’y vais c’est pour toute la vie, qui fait n’aller nulle part ? Qui fait reculer le déclic toujours dans les parages mais jamais sous mes doigts ? Qui fait n’allumer jamais franchement la lumière ?

Je suis nue, sans confiance, avec ce sentiment partagé de gâcher, d’être extrêmement capable et de n’en faire incroyablement rien. D’avancer sur les doigts d’une main parce que ça fait plus mal et qu’on ira moins loin.

J’enrage, étouffe, trépigne, angoisse du vide en soi.
Dérangée mais consciente, je m’en mords par avance les doigts.

* image : daydreams, Nikki Chicoine