Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

avril 10, 2013
par myel
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Place blanche

Tous les brouillons sont morts ou déterrés. J’ai même ajouté quelques paragraphes à des récits d’automne, histoire de les sortir et de n’avoir, pour écrire plus que des pages blanches.

Faire place blanche, se désencombrer, vouloir éplucher tant de mots tous neufs. Rien ne traîne. Sur l’écran-ordinateur de l’ordinateur tout aussi neuf, il ne reste qu’à s’exposer.

J’ai branché cet après-midi bamboo, mon amie la tablette graphique et j’ai soupiré : rien ne m’est plus naturel que les mots, rien ne coule aussi bien, aucun trait ne prend sens aussi librement qu’une vague de mots. Me manque la musique, et la place pour la développer : petit coin studio dans le bureau la semaine prochaine ?

En vrai, il reste des cartons, des restes d’adolescence en tissu, d’enfance en porcelaine et des chatons de plâtre… Encore faire de la place. Trouver la place de faire de la place. Trouver le temps de faire la place de faire place blanche alors que l’appel de la page nue résonne tellement plus fort.

Avant d’être sourde trouver, tout ce qu’aujourd’hui peut écrire. Et ne pas le laisser traîner. Brailler. Se brouillonner.

Publier même des embryons.

avril 9, 2013
par myel
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9. A l’adresse de l’éveil j’ai caressé tes rêves

Une terrasse éclairée, brillante et floue comme une oasis au milieu de la nuit, de la ville, de l’instant où pour elle devenait nécessaire, de s’adosser une chaise. De coudoyer une table. De se vider un verre.

Le sortilège d’hiver avait eu pour effet de lier sans fin jours et nuits, comme deux réalités infinies, indéfinies, de les conjoindre à partir du moment où j’invoquai sans bruit, l’arrêt de la fatigue.

La première journée fut remplie de doutes : allais-je tomber au bout ? Quelles étaient mes limites ? Comment remplir ces heures en prime, cadeaux de mon nouvel état de veille ?

Je restai debout toute la nuit, et le jour suivant et sa nuit aussi. En découla une évidente réponse à la seconde question : aucune borne n’entourait ces nouvelles insomnies. Mon corps était alerte, prêt à suivre le cours de mes envies fantasques et elles ne manquaient pas. Je pouvais voyager, travailler sans être épuisée pour voyager encore, céder à tous les attraits, répondre à des centaines d’invitations. J’envoyais sans faillir depuis chaque nouvelle place une carte postale à celui qui m’offrit à Noël ce pouvoir. La rose était rangée, dans le cœur tempéré de mon chêne domestique prenant une année sabbatique  afin qu’elle conservât ses pétales enchantés jusqu’au prochain besoin, que j’imaginais très lointain.

Mes doutes avaient changé à mesure des semaines. Était ce bien le même monde qui m’entourait le jour et m’enveloppait la nuit ? Qu’avais-je fait de la nuit ? Avais-je tout décalé ? Que devenaient les heures où la raison m’aurait assoupie ? Comment les repérer ? Comment les contrôler ? Comment vérifier que ces mois n’étaient pas juste un rêve très long, l’inverse de ce que je sentais ?

La sollicitation sans cesser de l’esprit, rendait paranoïaque et fatiguait le cœur  Voilà la limite que je découvris face à la lumière criante de l’enseigne, clignotant pour dire “Stop, tu débloques”. Les sièges étaient libres à cette heure, mais je n’attendis pas une minute le serveur.

– Bienvenue au bar à sommeil. Que puis-je vous servir ?
– Une limonade s’il vous plait.
– Je ne mets pas d’humour dans mes présentations. Nous n’avons rien à boire qui n’ait de bulles magiques, au citron s’il le faut mais consultez la carte et dites moi vos nouvelles…

L’étrange homme à roller apparut à mes yeux, en s’éloignant de dos, son plateau sous le bras. Sa voix ne bougeait pas, mais semblait provenir du carton déposé sur la table devant moi.

“La terrasse est un leurre. Pour entrer tapez trois, fois sur la table et fermez, les yeux sans avoir peur. Si vous tenez vraiment à votre limonade, faudra aller en face.”

Les hallucinations c’était plutôt mon fort, depuis ces derniers mois, je voulais voir jusqu’où celle-ci pourrait m’emmener. Je frappai pour entrer comme indiqué.

Le magicien leva les yeux sur l’escalier de pierres, attendant que j’y pose le pied pour descendre et ne plus entendre que la musique hurlante et les rires des clients. Je le suivis pour traverser la cave, jusqu’à un endroit calme et isolé du bruit, où tremblaient quelques corps au bord de l’ivresse et de l’épuisement. J’observai comme ses yeux étaient assombris depuis “Noël” dernier, comme il semblait changé…

“Qu’as-tu pensé de mon théâtre avant la fin du monde ? As-tu apprécié ces mois sans limites ? Je me suis épuisé à somnoler pour toi, la magie ne naît pas de rien… Et ce soir j’ai jugé, bon, de se libérer dans ma dernière création…

– C’est toi qui a bâti ces murs ? Où sommes-nous ? Je n’en pouvais plus de ne pas dormir, et pour que tu ailles mieux, je te rends mon souhait volontiers !

– Ce ne sera pas si simple… J’ai construit ce bar et l’hôtel dans les étages pour venir à bout des sorts anti-nuit, va falloir me suivre pour y renoncer…”

Pendant les premières heures nous avons fait vibrer de nos têtes à nos pieds la musique du sous-sol, jusqu’à finir transis à l’idée de la suite, car l’antidote avait à peine commencé.

Chaque étage libérait son gros lot de chahuts. Ses tapis à roulettes, escalades sans fenêtres, araignées sauteuses couvrant la moquette. J’avais l’impression de payer pour tous les cauchemars évités durant l’année passée. Les fantômes surgissant, les loups nous poursuivant, la sensation que s’échappent toutes mes dents.

J’ai maudit cet hôtel jusqu’à ce que, nue dans la foule (la honte), je sente les tourments se muer en scénettes érotiques : rien de cadré, comme dans un rêve et rien de réaliste… Et ses mains sur mes, soupirs dans nos cheveux, tombent en hurlant “mais encore encore !”, échanger nos salives, être l’autre, avoir l’autre, effondré de vertige à mes pieds, rougissant. S’envoler.

S’envoler mais vraiment. Décoller d’un bond vers les cimes et s’arrondir les jambes, faire des pirouettes aux côtés des corbeaux, changer la couleur du levant, valdinguer sans vertige et se poser, comme une fleur près d’une fleur, douce orangée, chaleureuse et coquette, moelleuse et satisfaite, de ce voyage qui de l’orage au feu, jusqu’à la légèreté, me fit ouvrir l’œil. Enfin la porte en forme d’œil.

Derrière, la dernière chambre était une chambre tout simplement, le magicien m’épris la main pour soulever la couette et mes membres engourdis. Sans dire un mot nous nous lovâmes comme des chatons ; je redécouvris le plaisir de juste s’endormir. La lourdeur des paupières qui vaut son pesant d’or, la tiédeur se dessine sur la surface des draps et des peaux qui ne bougent, presque plus, et les mots qui s’affolent, idées de la journée, que dis-je l’année passée, qui se repassent en vrac et forment des syntaxes à s’en mourir de rire. Le moment où l’on tombe d’une chaise comme d’une falaise et les muscles secouent le voisin qui gronchonne. Après c’est le trou noir, une bonne nuit sans rêve, histoire de faire le vide et le plein d’énergie pour délier le rythme à reprendre demain.

Vivement demain d’ailleurs ! Que je revive l’instant perdu depuis longtemps, des yeux qui s’ouvrent aux côtés d’un sourire naissant.

Warm Bodies Renaissance

avril 4, 2013
par myel
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J’ai vu deux films avec… Nicholas Hoult

Je n’aurais pas cru en faire une série, qu’il soit courant qu’un acteur ait deux films à l’affiche en même temps, que sans faire exprès j’aille voir les deux, et tant qu’à faire deux soirs consécutifs…

warm_bodies_renaissanceDès le premier film j’étais un peu gênée, Nicholas Hoult a un visage trop particulier, difficile à aimer, pas seulement par le fait d’être grimé en zombie dans Warm Bodies : Renaissance. Le film lui n’avait rien de particulier, histoire romantique entre une humaine et un mort-vivant, la romance peut sauver le monde, l’amour redonne l’espoir : c’est mignon mais pour accrocher à ce genre d’histoire faut fondre un minimum devant les beaux yeux du garçon, ou de la fille, s’identifier et… non, trop particulier.

jack_le_chasseur_de_geantsFaudra même plus que deux films pour s’habituer. Quand le lendemain, devant les premières images de Jack le chasseur de géants j’ai pensé : “oh non pas possible, c’est le même qu’hier ou je rêve ?!”, j’ai su que ça m’abîmerait le film. La princesse aussi, Eleanor Tomlinson, avait un visage fantastique, dans le sens film fantastique. C’était parfait, mais derrière mes lunettes 3D j’ai manqué quelques scènes, pour rêvasser car il était bien tard et mes yeux ont du mal à faire la mise au point, et puis c’est toujours les gentils qui gagnent, même si je n’ai pas vraiment vu la fin…

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

 

 

avril 2, 2013
par myel
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Bilan de mars, impatiences d’avril

En mars j’aurais vu 13 films, carte UGC ultra rentabilisée… Par ce froid c’était une très bonne échappatoire, les soirs sans sortie ou quelques après-midi grises, de se réfugier dans un bon fauteuil.

Pour le souvenir, dans l’ordre des séances :

  • Sublimes Créatures
  • Sugar Man ❤
  • A la merveille ♥
  • Amour et Turbulences
  • Spring Breakers
  • Le monde fantastique d’Oz
  • Au bout du conte
  • Cloud Atlas ♥
  • Camille Claudel 1915
  • Les amants passagers
  • Le petit Gruffalo
  • No ❤
  • Drôle de frimousse

l_ecume_des_joursPour le moment j’ai vu assez peu de bandes-annonces pour les sorties d’avril, et peu de palpitant. La maison de la radio attire ma curiosité, peut-être aussi Promised Land ou Effets secondaires,  et les Croods ont l’air sympathique…

Avril sera surtout le mois de L’écume des jours. Boris Vian mis en image par Gondry. L’idée me faisait rêver, le casting fiche la trouille, donne envie de boycotter mais… comment ne pas lui laisser sa chance et, la bande-annonce rassure… Pour la première fois je vais guetter les avant-premières, sortie le 24 avril :

Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.

 

 

avril 2, 2013
par myel
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Agapè

brume opaque je m’éveille aux côtés de la lune
variante elle me gouverne, tire chacune des ficelles
du moi-pantin qui la veille vous a pris pour une
passante, une filante, une perle, une étincelle

chancelant je m’habille, m’échappe à petits pas
sur celui de la porte, je vacille, nuit27 oublie moi
funambule l’escalier, somnambule la déroute
retombant sur mes pieds pour écraser le doute

*

je suspends pour un instant l’air, le fil du temps

*

mon souffle se raccroche au jour
je redélimite les espaces
et celle qui mieux m’enlace,
confine mes alentours

c’est celle qui m’équilibre et me déséquilibre
celle qui me détient, me retient
celle avec qui je me sens libre
celle sans qui je ne tiens à rien

*

le vertige ne me penche que si je l’infortune
et je regarde, le ciel s’enlacer de mes lacets à la lune

*

orageuse reprise de conscience qui tempête
les rideaux volent au vent mais je suis attaché
sous une nuit sauvage de chanvre pour esthètes
comme il est malaisé de m’en détricoter

de démêler ses noeuds, repousser ses cheveux
filer devant la nuit anglaise sans faire l’aveu
(vite les cordes ont sauté juste avant de me pendre)
que je rêverai encore de ses pièges à me tendre

*

et je suspends pour un instant l’air sur le fil du temps

je brode, levant les yeux, des corps à relier
des étoiles rutilantes, des points comme des baisers
je reconnais le fil, rubis, de mes pensées
à la lune je demande de me faire son allié

*

mais quand je rentre à contre-jour
quand je rembobine les audaces
celle qui m’anime, tenace,
me dévoile sans détour

c’est celle qui m’équilibre et me déséquilibre
celle qui me détient, me retient
celle avec qui je me sens libre
celle sans qui je ne tiens à rien

*

le vertige ne me penche que si je l’infortune
et je regarde, le ciel s’enlacer de mes lacets comme autant de souhaits à la lune

*

j’ai des nuits sages aussi, de longues nuits sereines
pour se contrebalancer des plus échancrées
des relations fragiles comme de la porcelaine
qu’on effleure, que je cueille, où s’évasent mes secrets

amies sages ou domptées, je sais ces nuits précieuses
et les vois si rarement que je les rends soucieuses
elles me savent, m’interpellent, m’interdisent leur chaleur
ce sont elles qui me tirent des rêveries quand vient l’heure

*

de suspendre un instant l’air du temps sur un fil
le tendre entre deux jours, trente-quatre nuits, cent vies
à mes pieds le vertige, son règne inassouvi
levant les bras, la lune, son sourire de profil

*

je la décroche enfin, bonjour
l’empoche elle ne prend pas de place
un soupir sous la glace
ne freine pas l’amour

de celle qui m’équilibre et me déséquilibre
celle qui me détient, me retient
celle avec qui je me sens libre
celle sans qui je ne tiens à rien

celle qui sait délacer le ciel dans ses prunelles
celle qui d’entre les ombres sans faillir me rattrape
mon filet
ma dentelle
mon agapè

avril 2, 2013
par myel
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A suivre, avril

Prague 2013

Mars a filé. Mars actuel cette fois, et d’une trait(r)e vitesse. L’essentiel étant, d’avoir senti glisser cette vitesse sur la peau, de ressentir. Et tant pis si ça tourbillonne c’est qu’on s’éprend de la vie. Vraiment. Sans blaguer un jour la semaine dernière, en marchant dans la rue j’ai senti cette chaleur qui soulève l’estomac d’être amoureuse, fugace mais enveloppante, en pensant juste aux mille choses à vivre. Un coup des hormones je te dis. Mars a filé comme une perfusion de liberté. Comme s’il fallait rattraper du temps passé perdu, mais aussi celui à venir, au cas où l’on se reperdrait.

Ce soir j’ai croisé dans les couloirs du ciné, mon reflet qui marchait dans l’autre sens. Je n’ai pas reconnu ce visage, cette jeune fille. Ça m’a troublée. Après le film j’ai pensé qu’il serait facile de cligner de l’oeil en sachant ce qu’on veut devenir, et de le devenir. En vrai même si les mois courent on change lentement. Les cicatrices prennent leur temps, laissent des traces, tout est dans le détail. Faudrait aussi déjà voir ce qu’on veut, précisément, pour améliorer. Les cheveux courts du défi ? Longs qu’on libère pour habiller le dos ? Prendre soin de soi mais vraiment…

Au delà du reflet, de l’apparence. Savoir comment être et que faire. Se définir par le passé, ne pas choisir une voie mais lister les chemins possibles. Dans les jours à venir. Fil rouge d’avril. A suivre.