J’ai du mal à démarrer ce sujet sans m’étaler sur les raisons des autres rôles, bien plus agréables à porter. Celui de la douceur, de la constance, de l’enthousiasme, de la femme parfaite qui n’existe pas mais quand on veut faire fantasmer… Des costumes vastes, moelleux, confortables et seyants. Des rôles bien plus aimables, acceptables, présentables, sortables en société mais qu’on ne peut passer toute la vie à jouer.
Parce qu’en coulisse parfois. On tire au sort le rôle de la méchante. De celle qui craque, fait ses cartons, laisse tout tomber passé le pas de la porte. De celle qui crise, brise, pulvérise, casse et fracasse, arrache et déchire en petits morceaux. On croit que cette violence est voulue, mais c’est le rôle qui oblige à rester froide et de marbre, à ne pas confesser que la méchante résulte d’une extrême faiblesse, de l’aveu ardu d’un échec, d’un découragement naissant devenu trop envahissant.
La méchante endosse la cuirasse, elle arbore griffes et cornes en toc, elle serre les dents mais pas vraiment pour les montrer, elle se fait sourde pour ne pas remanier son texte, elle vomit ses orages pour ne pas s’effondrer, au milieu de la scène. Ça ferait mauvais genre allons-y jusqu’au bout. Du monde, de l’abandon, de ces sottises qu’on regrettera de temps en temps. De toute façon les drames, hormis en monologue, ça n’a jamais été ma tasse préférée du théâtre.
- 17/03 / 2012 -
Cela me peur-panique de voir que ces brouillons réflexifs et semi-fictifs datent d’il y a plus d’un an, qu’il ressemblent tellement à la surface de l’an 2012, cet horizon figé de patin qui m’entourne en rond. Fallait les publier, maintenant, pour m’en débarrasser, mieux avancer.