Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

Aux zones d’ombres sur les carreaux

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Il y a ce tiraillement qui me retient d’écrire, à pas loin de six mois de mes dix ans de blog. Dix ans de glissements de cette masse hybride de mots et d’images qui jamais ne se stabilise. Ce sable mouvant qui s’écoule. M’interroge sur la suite.

Il y a ce tiraillement, entre la confidentialité et le partage. J’étais ici – enfin ailleurs mais les archives ont voyagé, pour raconter ma vie, la face publique du journal intime de mes quinze ans, lu par deux-trois copines et quatre-cinq inconnus. Puis les mots se mélangés, ont livré des aveux, ont trouvé des sens particuliers à ces pages, qui elles-mêmes se sont transformées en livres de signes, carnets d’indices pour une enquête future de la mémoire, d’où l’écriture obscure. Je ne veux pas que ceux qui me lisent me connaissent, je veux qu’ils mettent le pied dans du coton quand je leur livre l’adresse et qu’ils pataugent un moment jusqu’à poser des questions. Je veux que ceux qui me connaissent me lisent mais j’ai peur de les effrayer. J’ai encore plus peur d’avoir à me censurer.

Il y a ce tiraillement d’avec le partage. Cette incohérence de la ligne. Ce désir de pouvoir écrire sans croire que l’on lira, sans rien barrer. Contre le désir d’être lue, suivie, d’amener des lecteurs vers les choses que j’aime et d’échanger sur nos ressentis avec ceux, bien plus nombreux qu’il y a dix ans, qui font de même avec leur vie. Je dis ceux mais elles sont surtout celles…

J’ai ces envies d’être coupée de tout, les réseaux, le social, les clics sur des coeurs pour dire j’aime qui sont tellement faciles et tant superficiels. De retrouver le plaisir de découvrir un matin le mail d’un inconnu s’étant reconnu entre les lignes et glissant quelques pensées frappantes au passage.

Je ne sais pas ce que je veux j’ai dit que j’étais tiraillée. En le disant je reste conductrice de cette expérience sans rails, j’ajoute une pierre à cet ouvrage bancal.

Je ne sais pas ce que je veux, je crée des mondes parallèles et vite, après j’ai envie de tout recentrer, ne pas me disperser de peur qu’une branche se casse. Me rassembler dans ce nid pour l’hiver et y vider toute ma conscience. Alors que je ne suis pas fille de transparence…

J’aimerais parfois tout effacer, revenir aux premiers mots. Ici c’est presque possible. J’aime tant les moments de se découvrir… et je veux pareillement tout savoir tant le temps est court. Dans le miroir (à l’envers), je suis prête à être impudique… mais sans trop de lumière, sans me dénuder en un clic.

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