brume opaque je m’éveille aux côtés de la lune
variante elle me gouverne, tire chacune des ficelles
du moi-pantin qui la veille vous a pris pour une
passante, une filante, une perle, une étincelle
chancelant je m’habille, m’échappe à petits pas
sur celui de la porte, je vacille, nuit27 oublie moi
funambule l’escalier, somnambule la déroute
retombant sur mes pieds pour écraser le doute
*
je suspends pour un instant l’air, le fil du temps
*
mon souffle se raccroche au jour
je redélimite les espaces
et celle qui mieux m’enlace,
confine mes alentours
c’est celle qui m’équilibre et me déséquilibre
celle qui me détient, me retient
celle avec qui je me sens libre
celle sans qui je ne tiens à rien
*
le vertige ne me penche que si je l’infortune
et je regarde, le ciel s’enlacer de mes lacets à la lune
*
orageuse reprise de conscience qui tempête
les rideaux volent au vent mais je suis attaché
sous une nuit sauvage de chanvre pour esthètes
comme il est malaisé de m’en détricoter
de démêler ses noeuds, repousser ses cheveux
filer devant la nuit anglaise sans faire l’aveu
(vite les cordes ont sauté juste avant de me pendre)
que je rêverai encore de ses pièges à me tendre
*
et je suspends pour un instant l’air sur le fil du temps
je brode, levant les yeux, des corps à relier
des étoiles rutilantes, des points comme des baisers
je reconnais le fil, rubis, de mes pensées
à la lune je demande de me faire son allié
*
mais quand je rentre à contre-jour
quand je rembobine les audaces
celle qui m’anime, tenace,
me dévoile sans détour
c’est celle qui m’équilibre et me déséquilibre
celle qui me détient, me retient
celle avec qui je me sens libre
celle sans qui je ne tiens à rien
*
le vertige ne me penche que si je l’infortune
et je regarde, le ciel s’enlacer de mes lacets comme autant de souhaits à la lune
*
j’ai des nuits sages aussi, de longues nuits sereines
pour se contrebalancer des plus échancrées
des relations fragiles comme de la porcelaine
qu’on effleure, que je cueille, où s’évasent mes secrets
amies sages ou domptées, je sais ces nuits précieuses
et les vois si rarement que je les rends soucieuses
elles me savent, m’interpellent, m’interdisent leur chaleur
ce sont elles qui me tirent des rêveries quand vient l’heure
*
de suspendre un instant l’air du temps sur un fil
le tendre entre deux jours, trente-quatre nuits, cent vies
à mes pieds le vertige, son règne inassouvi
levant les bras, la lune, son sourire de profil
*
je la décroche enfin, bonjour
l’empoche elle ne prend pas de place
un soupir sous la glace
ne freine pas l’amour
de celle qui m’équilibre et me déséquilibre
celle qui me détient, me retient
celle avec qui je me sens libre
celle sans qui je ne tiens à rien
celle qui sait délacer le ciel dans ses prunelles
celle qui d’entre les ombres sans faillir me rattrape
mon filet
ma dentelle
mon agapè