Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

Un peu moins vite, un peu plus fort

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C’est la fin des fêtes de famille : tout le monde s’embrasse au bord du chemin, remonte en voiture et reprend la route. Il manque une place on ne sait plus comment, tout le monde est venu ; j’attends sur le bas-côté que mon grand-père et un oncle ramènent les premiers puis reviennent me chercher.

Je commence à trembler dès qu’ils réapparaissent, l’Espace troqué contre une moto pour l’un, l’autre un scooter trois roues. Obligée de choisir je monte derrière celui qui parait le plus stable, et m’accroche.

Il démarre, accélère, je sais que ce n’est pas celui de mes oncles le plus prudent, il fonce maintenant. Me reviennent des images de l’Accident. L’assurance de ma soeur, les premiers décollages, les bosses, les rires. Sous le soleil des vacances le bond de travers, le scooter qui s’écrase et nous glisse sur les jambes, à gauche. La reprise de conscience, se relever, écorchées des bras des cuisses de la bouche. Une bouteille d’eau pour seule pharmacie, rien de cassé, faut reprendre la route et rentrer courbées sans trop rien montrer. L’image la plus frappante est le sol qui s’approche avec le mauvais angle, elle remonte parfois comme là pendant mes cauchemars.

Et je m’accroche, il accélère, je tiens les poignées passager sentant que si je lâche c’est fini je pars en arrière nous arrivons sur l’autoroute. Il accélère, mes mains moites glissent, il slalome entre les files et je lui hurle de ralentir. Je tremble, revient l’image de l’accident, la sensation de vulnérabilité de ces engins sans habitacle, je tremble. Il finit par comprendre que mes angoisses, c’est du sérieux, qu’on ne se marre pas avec la vitesse, peu importe le nombre de roues. Peu importe la route, quand je n’ai pas confiance je tremble.

J’éveille en sueur, sursaut, tremblante, n’osant bouger ni pour consulter l’heure, ni pour me lever tant il faut du temps pour me calmer. Je respire lentement, m’apaise, retrouve le sommeil pour plus de douceur.

Une jolie brune dans un aéroport, seule, parcourt les halls. Une vieille dame en voix off tente de la rassurer : “tu n’es pas grosse, tu es belle comme tout mais crois moi”. La jeune fille n’a pas de confiance, en elle, en l’autre, elle se perd dans ce lieu de transit mais désert. Je la cueille, tombons amoureuses ; elle me sourit quand je lui dis qu’elle resplendit. Elle résiste quand la vieille veut l’emmener au Viet Nam, pour travailler… Restons ensemble. Dans cet aéroport où l’on peut frôler les avions depuis des tours de guet, grimpées en courant comme des enfants, remontant les toboggans à l’envers… Rêvons ensemble.

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