(Synopsis SensCritique : ) Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu’ont vécue Neil et Marina à la Merveille — Le Mont-Saint-Michel — efface les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire d’Ukraine, Marina est divorcée et mère d’une fillette de 10 ans, Tatiana. Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation… Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes questions.
Voilà pour l’histoire. Le film ? N’a rien à voir. J’aurais été bien incapable de faire un tel résumé factuel, tout n’étant que flashes, suggestion, dialogues à sens unique, tout n’étant qu’émotion dans ces images.
À la merveille est une expérience étrange à décrire, un film singulier, je n’ai pas de repères. Parait que Terrence Mallick en a fait bien d’autres, et qu’il a ses adeptes ; j’y suis allée vierge de toute connaissance. La bande annonce m’avait frappée : je n’aime pas les bandes annonces narratives, je veux qu’on me suggère juste l’ambiance et le thème principal pour savoir si j’accroche ou pas. Là j’étais restée coite, j’avais retenu le titre (merveilleux) et la date (toute proche).
En fait le film entier est à l’image de cette bande annonce : il ressemble à un rêve. De ceux qu’on fait la nuit avec ses images poétiques, symboliques. Les voix off nous guident dans une quête en vain de l’amour, de savoir où aller, qui écouter, pourquoi donc se déraciner. Les personnages se déchirent les uns (sans) les autres, se trouvent et se perdent en silence, dans une danse.
L’univers onirique est habité de ces corps, en mouvement. Peu de dialogues mais reposés sur la musique et la beauté des gestes, des bras qui se frôlent, des jupes qui tournent et volent, des regards qui s’évitent, des courses folles dans les champs, des renverses, des attaches et des voiles.
J’en suis sortie difficilement : ce n’est pas un rêve heureux mais le regard qu’il suggère sublime tellement les personnages, les paysages, les sentiments, que marcher dans la rue, croiser les préoccupations des passants m’a semblé si banal, presque vulgaire, manquant de poésie.
Alors j’ai ouvert les yeux, encore plus grand, et j’ai fait la voix off : rien n’allait mieux mais tout était plus beau. J’avais le cafard, le bourdon… et nous dansions.
Article publié pour la première fois sur un blog parallèle, rapatrié lors de l’été 2014.