Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

Les bribes de décembre #2

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valerie-kasinski-busJ’ai à peine senti le départ, sans être assoupie ce lundi. Juste qu’on était dans une gare souterraine, et que sous perfusion je m’habituais aux nouveaux titres de samedi dernier. Petite voix n°1 s’exprima en premier : “On est encore dans un tunnel depuis plusieurs minutes ?”. Petite voix n°2 se dit moins naïve : “Oui c’est ça, un tunnel… on l’appelle la nuit et il dure longtemps ces temps-ci”.

Et il y fait bien frais, enfinle tgv semble climatisé : de l’air gelé s’échappe de la ventilation. Lille Avignon ? Non Paris-Nord. Normal. J’hésite à remettre mon chapeau, et me tenir en boule jusque l’arrivée.

Avant la gare j’étais dans un brouillard humide, une installation Fantastic j’ai supposé, comme la maison renversée croisée ce midi, les yeux éblouis par un soleil froid.J’ai déjeuné autour de mon ancienne grande école, sans l’ombre d’un brin de nostalgie. Étonnant quand on connait mes penchants pour ces types de sentiments-là. Rassurant, je n’ai pas de mélancolie pour l’ensemble du passé, bien que je m’en doutais déjà, vu les années rayées en bouillie de l’esprit… Rassurant de ne rien rien ressentir…? Angoissant tout autant.

Avec mes collants roses qui détournent l’attention, j’ai trimbalé mon sac d’une tonne sur les pavés, dans les galeries, une partie de l’après-midi. Attendant l’heure du train ; attendant le hasard, je l’ai croisé deux fois. A dénicher un vieil EP d’Eiffel, 1999 L’affaire. Quatre euros, l’affaire. Et à capter une voix familière apostrophant mon dos, après une succession de choix “je vais ici ou là?”, la probabilité de rencontrer quelqu’un, au même endroit, au même moment, est suffisamment faible pour être relevable.

Ça reste une journée froide, à cause de la clim’ qui poursuit. Alors que du treize je suis libérée : une occurrence hier, une autre ce midi, mais dans le TGV je suis sans voisin place 22. J’aime mieux, 22. Ça reste une journée froide car je n’ai pas trouvé, de gants rouges à mon goût, ni de surprises de Noël au décompte qui se réduit.

Noël comme une fillette c’était hier, au Zénith. Les gradins chargés de gamins, et nous et nous et nous, pour un cirque étonnant, mêlant des tubes (il parait) chantés par l’animateur en chef-karaoké, à des numéros les plus traditionnels comme les chevaux qui trottent ou le traîneau du Père Noël qui défile au final. J’y allais pour les tigres, les lionnes, les acrobates et la magie. Et puis c’était gratuit. Mission fillette accomplie.

On a souri en remarquant, avec tous ces enfants : ce que j’aime chez les gens c’est qu’ils soient désarticulés, les gestes souples, qu’ils se mettent à tourner. En général ça s’arrête vers sept ans. Quand on prend conscience d’être regardé, de devoir se tenir, bien se conduire. Ce que j’aime chez les gens c’est quand il persiste une part de ce vacillement, l’imminence d’un vertige, d’un faux pas spontané.

Il reste vingt-deux minutes pour me tenir en boule sur ma place vingt-deux. Paris je rentre. Fermons les yeux. Prochain train pour le réveillon.

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