Je n’avais pas lu un livre d’une traite depuis quelques temps, ou bien pour m’en débarrasser lassée d’avance comme les derniers Nothomb. Evidemment le semi torticoli n’aidait pas, à faire autre chose de mon dimanche… mais j’ai été toute absorbée à ce roman qu’il m’en fallait la fin. Et quelle fin.
J’ai rencontré Barjavel au lycée, je ne sais plus bien dans quel ordre : La nuit des temps, Le grand secret, et surtout Ravage. Ce dernier s’est inscrit en moi comme une évidence, et il fait partie des rares livres dont je me souviens des années après les avoir lus.
Le voyageur imprudent réalise quelques parallèles avec Ravage, qui a été écrit en premier ; raison pour laquelle je conseillerai de les découvrir dans l’ordre, pour que la rencontre soit intacte.
Ici Barjavel décortique les questions du voyage dans le temps, imaginant les conséquences, les risques, les tentations, les paradoxes… Il fait envoyer son personnage principal jusqu’à très loin dans le futur pour y voir le destin de la Terre et de l’Humanité.
Au-delà du dépaysement qu’amènent les différents voyages, ce sont surtout ces questions de destin, de fatalité, du rôle de chacun dans un but qui nous dépasse que j’ai ressenti à travers ce récit.
Mon favori ne changera pas, je relirai à l’occasion les deux autres connaissances, et surtout je découvrirai les autres livres de cet auteur à la prochaine occasion !
Une (longue) citation et demi pour la route, jamais représentative du livre en son ensemble, mais qui a pris place sur mon moleskine, et une autre toute mignonne :
“Chez les bourgeois et chez les misérables, il retrouvait la même immense fatigue. Hommes et femmes, du même geste las, éteignaient la dernière lampe, et s’étalaient dans la nuit.
La résignation au gagne-pain, à la richesse, à la misère, aux jours perdus, au temps trop court, aux espoirs vagues, aux femmes, aux maris, aux patrons, aux plaisirs, à la peine, écrasait de son poids ces millions de corps allongés, qui ronflaient, grinçaient, gémissaient, se recroquevillaient, se détendaient en poses grotesques, sans parvenir à trouver pour une seconde, la paix.”
“… le visage paisible d’un enfant. Il s’attardait sur ce miracle, se demandait comment une si belle promesse pouvait pareillement faillir.” p.78
“Ses yeux noirs, si grands, si rayonnants, semblaient à Saint-Menoux moins faits pour voir que pour être contemplés.” p.135