Indiscretions et mutineries

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Au théâtre hier soir

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C’est fait. Je suis une vraie parisienne désormais. Pas juste une touriste de passage parce que. Je n’ai pas d’appartement dans le seizième mais. Nous sommes allés au théâtre hier soir.

Il a fallu qu’on m’y quelque pousse, invite à dire vrai, sinon je n’aurais pas osé. Le théâtre alors évoquait à la fois, en ordre décroissant dans le sens du temps, les affiches du métro, les dames en robe du soir, les leçons de Molière, et les spectacles de marionnettes avec maman qui tenait l’allumette. Et puis en fait non là, ce n’était rien vraiment de tout ça.

Nous étions à l’Oeuvre, rue de Clichy, Entre deux ils. Arrivés en avance, le petit hall charmant, semble d’une autre époque. La salle n’est pas beaucoup plus grande, je découvre, qu’au théâtre il y a des ouvreuses -certains pourront dire “comme avant”, mais les moins de vingt-cinq s’installent depuis toujours comme bon leur semble au cinéma. Ici, vas donc trouver ton siège sans plan, sans indice… Je découvre aussi trop tard, en voyant les autres s’asseoir, qu’on aurait dû remercier plus tintamment cette jeune femme. Je pense alors, qu’on devrait éditer des manuels pratiques de toutes les pratiques de toutes les sociétés, pour connaître les codes de chaque situation, compléter son éducation, s’adapter en tous lieux, se fondre comme des habitués. Que nous n’étions pas, ça se voit.

La pièce démarre. Nous sommes chez un couple qui, sans en avoir l’air, est au bord de l’explosion. Elle, surtout. Le théâtre alors, c’est, comme entrer chez les gens, la porte restée ouverte, comme écouter les conversations dans le métro, regarder derrière le rideau… Voir des personnages évoluer sans les regarder devant un parterre d’yeux affutés. Le théâtre, c’est impudique à souhait. Je ne dis pas ça comme constat négatif mais sensation dérangée qu’il m’a suggérée. Pourquoi irais-je donc me mêler de l’histoire de ce couple bientôt trio ? Si j’étais cliente de cette librairie, assistant à ces scènes, ne serais-je pas sortie ?

Mais il s’agit d’un récit, d’une représentation, ce qui se passe est écrit et comme dans tout écrit, même parlé, même chanté, j’attends d’être étonnée, avec les étoiles et les montagnes russes. Ce récit-là était à mes yeux comme les Pancol, une belle histoire de gens presque ordinaires. J’ai été accrochée parfois, saisie, déçue, énervée, curieuse de tout comprendre.

 entre-deux-ils-image

Puis le faux rideau est tombé, j’étais dessous, dedans, je venais d’apprécier la fin. Mais pas la suite : les saluts, les trottinements enjoués, allers-retours et les applaudissements bien réglés. J’ai vu ça surfait et poli. Et c’est comme je n’aime pas, le bêtisier à la fin d’un film. J’aime pouvoir sortir d’une histoire à mon rythme, apprécier le générique qui défile sans me lever, ne pas rallumer la lumière, ne pas, entendre sonner le réveil… Là le tombé de costume, c’est un peu brutal.

A la sortie, j’étais partagée. Sans avis global sur cette expérience, tout étant dans les détails. J’ai aimé le petit escalier pas la voix de l’actrice, les fauteuils d’orchestre mais pas entendre iphone au début du texte, le lieu mais pas vraiment la pièce… Peut-être aurais-je aimé la lire, peut-être que je n’aime pas le jeu et les intonations choisies, peut-être qu’on reviendra, ailleurs, voir autre chose, et que ce sera tout différemment. Peut-être comme la musique, la lecture, l’imagerie, je peux tout apprécier mais n’aimer que ce qui frappe mon imaginaire, et que c’est rare. A voir.

Avec une petite journée de recul, je repense à cette remarque d’un ancien intervenant à l’université, je me demande même s’il ne s’agissait justement pas d’un responsable de théâtre… Je n’ai plus ses mots mais l’idée simple était : ce genre de sorties, les concerts, le cinéma, les pièces aussi alors, c’est comme faire l’amour… La courbe du “j’en veux encore” est très forte dans les jours qui suivent, puis on oublie lentement, jusqu’à ce que réapparaisse un manque profond. Peu importe la pièce d’hier, je suis en phase de désir, j’imagine ce que serait de voir “les classiques”, j’envie de visiter les autres théâtres, du sol au plafond, comment sont les tentures, et les allées, et les balcons ? Même à 10€ pour les jeunes je ne suis pas sûre de craquer, parce qu’il faut se réserver la soirée, prendre le rer, le métro, affronter le froid, rentrer… mais j’y pense, j’y pense.

En bonus j’ai pu découvrir, et je partage avec plaisir, cette courte vidéo sur les coulisses, du lieu et du décor, et des gens qui l’animent. On n’y dévoile pas l’histoire… Et si l’envie vous prend (n’ayez pas peur, franchement), la pièce se joue jusqu’en décembretoutes les informations ici.

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