Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

février 23, 2012
par myel
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4. Mise à jour du protocole

Trois fois que je secoue la bulle à neige de ces deux effrontés, et voilà qu’ils me rient au nez. J’avais prévu qu’ils restent sains sauf qu’ils me tendent des pièges, en petits mots vicieux, promettant qu’à la prochaine page blanche je ne saurai plus les tenir. Et les voilà punis, je les range au placard pour une nuit. Et je me sers un verre que je ne boirai pas, juste histoire d’avoir une discussion avec quelqu’un de consistant.

février 20, 2012
par myel
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3. Au beau milieu d’une question de sagesse

Dix jours n’étaient pas envolés, que déjà, Halloween nous guettait. Célébration permise de l’imaginaire sombre, des sorciers au royaume des ombres, en défilés d’êtres affamés, de sang sucré… Je n’ai rien pour ou contre les fêtes, mon seul avis est de, saisir les occasions et là j’en voyais une. Des moins communes.

Dix jours n’étaient pas envolés, que déjà, il me manquait et je lui demandai : « Qu’as-tu prévu pour cette nuit maudite ? ». Il avait des vues sur une soirée, rien d’excitant à en mourir, il était libre d’y échapper et de venir ; ici rien de prévu mais je ne doutais pas, des surprises que la nuit nous aura, réservées.

J’ai cuisiné pendant des heures, pour que l’accueil soit à la hauteur : petits sablés salés épicés aux orties, baba rose à la rose servi avec épines, moelleux au caramel et son sel gris-grigri, crème de baies sauvages moi j’aimais l’aubépine. Après un bain marin, j’ai concocté, un costume déjanté de sorcière en vinyle, dentelles enflammées, cartes à jouer, chaussures qui brillent là-haut-perchées et chapeau qui vacille ; maquillage de rigueur : léger pour ne pas trop faire peur, à ceux qui plongeraient leurs yeux dans mes yeux saupoudrés d’un fin trait de charbon, cristallisé.

Fin prête, à point, quand il sonna ; je rangeai deux ou trois poussières sous le tapis avant d’ouvrir, grand mon sourire. Sa présence emplit l’unique pièce de mes appartements, vampire il était beau et si bien assorti, sa tenue, ma tenue, je ne suis pas du genre à croire au fait exprès mais le valet de pique de sa poche dépassait, j’avais le cœur contre ma taille mais aucune bataille, n’allait s’engager. Au contraire on s’en saluait.

« Princesse du soir, bonsoir. Je… ne vous ai jamais vue dans une robe aussi peu sage ! Dans quel antre de démons vous l’a-t-on vendue ? A moins que tu ne l’aies conçue, cousue avec tes doigts crochus, crochetée, pour m’étonner… C’est ravissant chez vous, et comme ça sent bon, y a-t-il sur le feu quelque folle potion ? »

Je lui fis faire le tour, sur lui-même, de la pièce en question car il n’y en avait qu’une : allait-il apprécier mes philtres de pensées sans croire, à tort ou diverses raisons que j’aurais envoûté la décoction ? Il goûta tous les plats et but sans rechigner un verre de chaque version : pensées légères, profondes, spontanées, déjantées, sombres et sauvages. Au septième, pensées sages, il vint s’étendre au sol ; je sus que les gorgées précédentes avait eu trop d’effet pour laisser la sagesse l’emporter. A mes pieds il demanda : « Maintenant que nous sommes ivres, et repus, nous n’allons pas dormir ? ». Je le relevai, tanguant mais conscient, jouant exprès à me tomber dessus jusqu’à la porte, chacun mit la cape de l’autre pour sortir.

Le plan c’était peur aux enfants, frousse aux parents, cueillette acidulée de toutes leurs sucreries ; récolte d’araignées d’argent, escalade sur les toits penchants et sprints dans le vent pour voir si s’envoler, était encore possible. Le plan c’était chasse aux sorcières, aucune règle hormis la première : qui trouve une reine, la partage avec l’autre…

« … Les princesses sont rares en ces rues, viens danser… », lui fis-je avant d’être épuisée. Ces trois heures de fuite en avant, les yeux guettant le moindre signe de liberté, manquent de tournis. Il approuva : « Allons valser à la manière des chats… ».

Sur mes pieds malhabiles il souffla quelques miettes de poudre assez magique pour les faire frémir. Maintenus par la taille sur un bout de trottoir, une corniche, la branche d’un arbre, les pas lents, calmes, timides face au vertige puis s’emballant, le souffle coupé, s’enflammant, nous avons tourné, tourné, tourné et retournés, sauté et atterri. L’image est à l’image des pouvoirs conférés par la lune bienveillante, mais un soir d’orage : aucun n’était certain, ni ses crocs crissant près de mon balai, ni mes ongles effleurant le marbre de sa peau… Les lumières aux fenêtres prenaient l’air, de n’avoir rien entendu. D’ailleurs en voyant ces fenêtres…

« Regarde où nous sommes arrivés ! Ou plutôt revenus… Nous tournions, en rond. »

Il avait bien raison même s’il l’avait perdue, nous nous étions posés sur le rebord ovale de mon propre balcon…

En vidant les placards en quête de couvertures, pour dormir à la belle étoile nous cherchions les raisons de cette excursion presque vaine.

« Je t’avais promis une danse…
– Oui mais une reine aussi…
– Ne boude pas, ton plaisir je l’ai vu… Et ta princesse tu n’en as pas trouvée non plus !
– Vous dites vrai… Et dire qu’on avait cru pouvoir séduire, toi en sorcière moi en vampire, d’autres créatures que nous-mêmes… On se couche costumés ?
– Si tu veux mais fais attention à l’aube qui pourrait te brûler, beau diable… Attrape ces draps et couvre-toi… »

Au réveil j’ai bien cru que le soleil avait changé mon éternel en cendres, il était disparu. Mais dans le salon rassurant dormaient encore, ma cape élastique sur la chaise et un petit carton, griffé d’une écriture sanglante.

« Vos dessous de sorcière aperçus ce matin en soulevant d’un coin curieux votre corsage, sont si sexys qu’à mon avis même sans costume le prochain soir nous ne saurons plus rester aussi sages. »

février 18, 2012
par myel
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2. Là où l’automne nous étonne

Un piano-bar un soir, de rendez-vous manqué. J’avais tout prévu la robe rouge, collants noirs, aux pieds mutins et indiscrets des ballerines. Couverte d’un gilet je me suis avancée. Imaginez, le lieu est enchanteur à souhait : l’instrument trône dans une alcôve, faisant face aux fauteuils tendres dont la moitié a préféré ignorer sa présence et lui tourner le dos. Au comptoir je commande un cocktail enfantin, même les tabourets sont de velours. Mais cette mise en scène est vaine à mes yeux, ç’aurait été une belle soirée si, son numéro d’équilibriste pianiste n’avait été point suspendu…

Mon regard déshabille les silhouettes des habitués, caresse la flamboyante chevelure d’une nymphe à l’esprit penché, saute de trois accoudoirs et se pose, sur une nuque opale qui semble familière. Cheveux dérangés, veste de jais, c’est un comble je crois rêver. Aparté : n’avez-vous jamais remarqué, l’énergie envoyée quand nous guettons quelqu’un, de dos, l’onde transmise faisant qu’il se sente observé, et finisse par se retourner ? Cette fois-là, ça n’a pas manqué. Ses épaules se contractent, il a senti ma fixation, entame un demi-tour ; j’ai à peine le temps de plonger dans mon verre et de me voiler la face.

Le rouge attire évidemment, j’aurais dû prendre d’autres vêtements, même de dos, surtout de dos, à tous les coups il va me voir et il voudra savoir. Quel élan romanesque m’attira en ces lieux qu’il devait déserter ? Avais-je bien reçu la missive qui tout annulait ? Oui, non, bien sûr, mais quelle idée… Quand au bord d’une oreille ses murmures entamèrent de me faire rougir, les joues pour s’assortir, je sus qu’au fond du verre on voyait mon reflet. Qui s’éveillait.

« La cambrure affirmée de ces hanches, je connais, cette taille dessinée mais je doute, tournez donc vers moi votre buste, et vos lèvres afin que j’en sois assuré… Vous ici ? » Je lui retournai son évidente question pour y échapper : « Vous ici ? ».

« Mon train était bouclé, je suis venu flâner, voir si la belle-fille du patron valait la perte d’un cachet d’automne. » Il a l’air vague et incertain, je doute de sa raison mais je n’en montre rien.

«  Elle ne jouera pas…
– Non, je sais, enfin je commençais à m’en douter. Sale caractère ! Et… »

Je lui coupai l’herbe interrogative au bord des lèvres, si soudainement que j’en fus moi-même surprise.

«  L’endroit, l’envers, l’adresse en tête, la date, j’avais fait une croix, ma robe était fin prête, il faisait froid et j’aime tant ça… J’avais envie de vous je l’avoue, même sans vous. M’imprégner du lieu, d’un peu de boisson et t’écrire, en rentrant. Tu m’en veux ?

– Jamais. Tu me suis ? »

Je n’ai pas répondu quand il a pris ma main. Et j’ai glissé, guidée, du siège sur mes pieds, emportant entamé mon verre jusqu’à sa table où nous attendait, les yeux impatients, une sélection d’humains à la forme improbable. Prenons l’air assuré des occasions à ne pas manquer, pensais-je lors des présentations.

« Vous connaissez sans doute déjà cette âme… Elle se joindra à nous ce soir : pas d’objections ? »

De leurs yeux, toujours leurs yeux, ils et elles approuvèrent. Je n’avais rien compris mais j’étais ravie, car la plus jolie, sorcière rousse que j’admirais de dos plus tôt me laissait désormais dévorer sa frimousse. Des yeux bien entendu, toujours des yeux.

Le magicien fit apparaître, un espace libre puis un siège à ses côtés ; en un clin d’œil j’étais installée. Il me précisa chuchotant : « Je me suis un peu trop répandu pour ce soir, pensant être seul… N’aie pas peur de mes camarades, je les matérialise rarement et leur dessin n’est pas parfait. Ils me tiennent si souvent compagnie mais discrète, dans ma tête. On n’est pas au complet, je ne suis jamais au complet, mais voici l’occasion de te les présenter. La belle dame qui t’envoûte est ma muse, elle peut se révéler dangereuse si tu la contraries, elle saura t’embrasser à t’en faire oublier, de respirer et après… L’homme bien vêtu à gauche, un peu raide et maladroit, c’est ma raison. Il n’est pas rabat-joie mais nous avons parfois de sérieuses discussions. Les autres interviennent quand je les attends moins, ils me hantent et m’animent… Il y a ça et là, ces jumeaux qui chahutent et dévorent des bonbons, cette boule de cristal capricieuse et bancale, ce vieillard qui de la vue de tout ça se régale… Maintenant que tu es là ils sont un peu gênés, tu vois leurs yeux tourner, s’emballer, comme s’ils n’osaient pas se poser ?

– Je ne m’aventure pas trop à les dévisager… Sauf elle. C’est un très bel extrait de toi. Dis-moi, comment crées-tu cette illusion ? Je ne la savais pas possible…

– Ce n’est pas chose si facile : il faut bien les connaître, ne pas en avoir peur, les assumer sans hésiter et… bien vouloir me les montrer. Concentre-toi, essaie. »

Je pensais tout d’abord, à la moins timide de mes habitantes, mais c’était un peu brutal, j’imaginais dans quelle tenue… Trop provocante, je ne l’ai pas sortie. J’ai pris alors la plus fragile, celle qui lui écrivait la nuit des lettres pleines de doutes et de rêveries graciles. Je pensais fort à elle tout en le regardant ; elle atterrit sur ses genoux, les bras à son cou et rougit, gênée, pour vite les retirer. Son image crépite, jeune fille de seize ans au corps mal défini, masqué par ses cheveux incroyablement longs et d’un noir très profond. Elle n’ose plus bouger et là je m’aperçois que, le bout de leurs doigts tremble. Mon professeur d’un soir ne s’attendait pas tant à cette proximité, nous aurions dû, entamer les leçons avec celle de la chaise avant les créatures… Il semble ému et ne sait plus, où donc poser ses mains.

« C’est mon adolescente craintive et hésitante. Elle est un peu perdue, là, elle n’aime pas les foules et le contact, être la cible des regards. Dans mon écriture désordonnée, tu l’as parfois croisée… Tu la reconnais ? J’ai très peur de la perdre, il faut la rassurer… Peux-tu la prendre dans tes bras ? »

Il sourit et elle reposa, sa tête sur son col, à lui qui referma l’étreinte tout en douceur. Elle s’endormit.

« Cela fait partie de ses défauts, n’importe quand elle s’assoupit ! »

Nous riions de bon cœur, et nos fantômes aussi, de cette intimité burlesque. Les clients nous prenaient pour une bande d’amis, une troupe d’acteurs, d’artistes étranges de passage.

«  T’en veux une autre ?
– J’installe un siège ?
– A vrai dire… Elle n’est pas montrable en public, je te la garde pour plus tard. »
Il avait peur avec raison et moi aussi.
«  Tu m’en veux ?
– Jamais. Tu me suis ? »

Je n’ai pas répondu quand il a pris ma main. Et j’ai glissé, guidée, du siège sur mes pieds abandonnant le verre sans savoir si au fond, c’était trouble ou sucré. Et j’ai glissé, entrelacé mes doigts glacés sur ses doigts sans, savoir où nous allions mais lui non plus, juste que nous sortions. Les autres nous suivirent mais vite s’évanouirent.

Paris était gelée en cette mi-fin d’octobre ; la nuit l’enveloppait d’un brouillard si léger, que l’air en semblait juste, un peu plus humide, un peu plus épais. Chaque lumière éclatait plus dense à nos sommets ; mais la nuit vraiment, dominait.

Nous marchions sans rien dire et sans se diriger. Aucun de nous jamais n’avait vu ce quartier, ces ruelles, cette place mal éclairée, ce banc où s’allonger, était une évidence. Nous restions pourtant figés, à deux ou trois mètres de là, je savais qu’il se préparait. Il allait la rappeler. L’ensorceleuse. Car il savait que mon ado, en tomberait amoureuse. J’envoyais la mienne en premier, que l’autre puisse l’aborder. Un peu mieux habillée, de noir, une pointe de rose, déposée sur le banc, détendue l’air nonchalant, elle commença à scruter les étoiles. Et moi, le profil magique de celui qui tenait ma main.

Sa princesse s’avança depuis l’arrière d’un arbre jusqu’à celui du banc, traversant l’espace d’un, pied léger et certain. Je ne vous parle pas de ses formes, parfaites, de sa tenue, éclatante, de ses yeux ciel à tomber, je me retiens mais, si vous la voyiez. Vous trébucheriez. Heureusement ma môme était bien installée, elle n’eut pas peur car elle ne vit, rien venir. Rien avant que la belle l’effleure, se penche et là dépose, ses cheveux enflammant le cœur de ma petite, un baiser dans son cou. Un éclair et elle s’assit, l’enlaça, je les vis s’embrasser et n’en revenais pas. Je la sentais grandir et s’envoler, ma douce, mon miel… Mais que voyais-je vraiment ? Je clignai quelques fois pour en être certaine : mes yeux étaient plongés dans ceux du magicien, nos corps à bonne distance mais de nos mains liées il appuya l’empreinte et ses sourcils sautèrent. Revinrent comme mes pieds à terre.

«  On les a perdues pour ce soir. C’était, inattendu et fou. J’ai adoré !
– Mais… Qu’a-t-on vraiment fait ?
– Rien de mal rassure-toi, c’était un peu de moi et une partie de toi, qui prenaient goût à la liberté. »

Son sourire impeccable faisait habile figure, aux côtés, de ses yeux indomptables. Il me prit par la taille et sans mesure, sans retenue, je tombai dans ses bras et me mis à pleurer. Jamais jusqu’alors je n’avais, libéré à ce point mes inconsciences enfouies, sous ces formes sensuelles encore moins qu’à l’écrit… Il avait su me les extraire, sans en profiter. Je lui offris un seul baiser.

« Pour une soirée solitaire, avortée, on peut dire qu’on était… nombreux et agités. Tu m’en veux, de t’avoir entraînée dans mes mirages ?

– Jamais je ne t’en tiendrai rigueur. C’est détonnant tant de pouvoir en nos imaginaires, oh… encore y goûter… Si nous avions toute la nuit… mais. Je ne t’invite pas à me suivre, il est temps de rentrer…

– N’oublie pas tu me dois une nymphe interdite !

– La prochaine fois promis, tu me cueilles au passage et je la confierai à ta belle, flamme volage. »

Je sentis le froid brûler, ma main quand elle se libéra, c’était la première fois depuis des heures alors, que de la sienne elle s’éloigna.

Le dernier métro était, presque vide, ce n’est pas que je m’en plaignais. J’en profitai, pour expérimenter mes nouveaux sortilèges et le remplir de mes folies, comme une page blanche, des plus perverses au plus absentes. Le plus facile étant, de toutes les ravaler quand le premier passant, fit son entrée.

Titanic

février 18, 2012
par myel
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Titanic (la revanche)

J’ai revu Titanic. Au cinéma, et en 3D*, et je ne vais pas m’en remettre.

J’aurais dû écrire cet article à chaud, mais j’ai laissé traîner, pensant qu’il me sortirait de la tête. Mais que nenni, faut que je le mette en mots pour retrouver un esprit tranquille.

titanic

Titanic c’est le symbole absolu de mes dix ans. Je l’avais vu cinq fois au cinéma, même qu’à chaque fois je fermais les yeux quand ils étaient dans la voiture, même qu’à chaque fois je sortais en pleurant, je gardais mes tickets et les mouchoirs assortis, j’achetais tous les magazines avec Leo en couverture, on m’avait offert le livre sur le tournage du film, je refaisais les croquis des costumes, Kate Winslet était la femme idéale, je rêvais d’un corset et de sa robe noire et rouge, je m’entraînais à faire son truc là sur les pointes de pieds, et à tourner très vite à en perdre la tête avec ma soeur, j’avais refait le coeur de l’océan avec une grosse boucle d’oreille en forme de coeur bleu mise en pendentif, j’avais une poupée de porcelaine nommée Rose, je savais tout de l’histoire du vrai Titanic, après avoir épluché tous les livres sur le sujet à la bibliothèque, je m’égosillais sur Céline Dion quand j’étais seule à la maison, quand on a eu la VHS du film je l’ai tellement revu que je maîtrisais les dialogues par coeur…

A bientôt vingt-quatre ans, j’ai pleuré comme une petite fille sous mes lunettes 3D, dès le début du film, à cause de la musique puissante et du branchement dans mon cerveau entre la mémoire et les larmes. Je savais encore la plupart des mots, des scènes avant qu’elles n’arrivent, tout revenait, comme des fantômes à la surface.

titanic

Mais tout le long j’ai aussi validé l’idée que c’était le film parfait pour une enfant de dix ans. Parce qu’il y a des choses que je ne relevais pas il y a treize ans et c’était mieux comme ça… Déjà, je découvre que mon physique de l’actrice idéale est, grassouillette. Que ce n’est pas une femme comme je la voyais mais une adolescente capricieuse et rebelle. Qui flirte avec un autre sous les yeux de son fiancé, m’étonne plus qu’il soit contrarié. Que de la voir nager en robe légère c’est sacrément sexy. Que Leo a l’air d’avoir 14 ans lui aussi. Que du coup je préfère vraiment les rousses aux blonds. Que c’est un peu leur faute si les autres n’ont pas vu l’iceberg à temps. Que la VF est une cata ou bien c’est que j’ai perdu l’habitude ou bien c’est que les dialogues sont vraiment niais à la base. Qu’ils disent quinze fois que c’est le tout dernier canot. Qu’il y avait franchement la place sur son bout de bois pour eux deux. Que même une fois vieille Rose reste une sale égoïste qui balance toute sa richesse à la mer au lieu d’en avoir fait profiter sa famille… Voilà j’ai un peu déchanté sur l’aspect romantique des choses… Sinon c’était très bien pour le drame, les faux espoirs qu’on se crée alors qu’on sait bien que tout cela va finir sous l’océan, sous l’océan 

*la 3D reconstituée n’en valait pas la peine…

février 16, 2012
par myel
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1. Sur le bord de l’aube de l’été.

Dans ce hangar pétrifié au toit de verre, le magicien approche. Je me tenais à distance depuis plusieurs heures mais, désormais, les lapins et les colombes sont tous terrés et envolées. Après avoir tenté la disparition mentale sans succès, hésité à m’enfuir en dérobant, la porte sur mon dos, je fais à mon tour un pas en avant.

« N’aie pas peur, murmure-t-il, tu n’as rien à craindre en ces lieux : c’est le domaine des rêveries il suffit de s’en imprégner. As-tu le temps de t’asseoir un moment ?
– Évidemment, j’ai toute la vie, ou pardon, au moins la nuit. Pour refaire le monde avec des mots plus fous ? »

Il vit à l’étage, perché, au bout d’un escalier en escarpin, dans un grenier voûté. Je me sens à la maison quand il porte, un verre à ma bouche, son sourire figeant mon regard. Je m’y laisse emporter.

« Alors, à quoi joues-tu ? Les pigeons voyageurs dont tu m’as envahi ont-ils un but précis ? »

Patatras. Je suis en peur panique. Car en bonne rêveuse j’avoue, rien de tout cela n’était prévu. J’attendais le réveil à l’instant même du premier regard. J’aurais dû préparer les gestes, et répéter mon texte, pour ne pas être impressionnée par son assurance d’homme de scène. Nous aurons des discussions aérobiques si au lieu de dire « je ne sais pas » d’un air perdu, j’affirmais.

« Oui… un but sacré. Pouvoir poser mes pas près des tiens, une fois et d’autres encore. Pouvoir caresser l’écorce de ton charme et voir si avec mon aura on pourra, faire surgir des étoiles. D’autres ont dû essayer, je ne suis pas adroite, mais si tu veux bien me laisser une place…

– Sait-on jamais… Essayons-nous, présentons-nous, mais attention l’instant est au plaisir, on n’est pas obligés de tout dire. »

Je ne sais pas à ce moment si son regard est sincère, s’il se joue de moi. S’il a des idées derrière la tête ou si c’est juste la bibliothèque qui regorge d’ouvrages, il est à mes yeux fantastique.

Je sais que. J’ai raconté ma vie en lignes brèves et raccourcies, juste les pointillés avec des mots choisis, pour garder sa curiosité. La ville, les angoisses, les mots, les filles, l’indécision, l’avenir suspendu. J’ai écouté la sienne comme une musique nouvelle, il n’a pas rembobiné mais tissé un joli portrait présent, vivant, séduisant.

En personnages de chair, assis, penchés, bercés, on a ensuite fourré le cœur de la nuit de questions. « Pourquoi les toits servent-ils si peu ? Donnes-tu un nom aux araignées avant de les écraser ? Peut-on aimer et rester libres ? Quel film tourner avec une caméra qui déshabille ? D’où es-tu le plus souple ? Combien de grains de beauté ? Pourquoi les chambres ne sont-elles pas des lits géants, comme un nid dedans ? Est-ce que désirer c’est tromper ? As-tu déjà manqué d’air au point de perdre pied ? Et l’intérêt poétique du saut à l’élastique ? Crois-tu en l’humanité sans États ? Sais-tu faire de jolis nœuds avec une corde ? Oui mais ne pas choisir, n’est-ce pas choisir un peu ? Comment testes-tu tes limites ? Quel est ton paradis ? »

Ma main a fini dans ses cheveux, les yeux presque fermés au lever du soleil. Les corps effondrés sur et sous les draps ; un rayon sur ma taille écrit, qu’elle est à découvert. Mais rien de plus.

Il sourit. Encore. Du regard. Il sait que là est son pouvoir. Qu’il pourrait m’avoir entière quand il veut. Mais j’ai murmuré vers quatre heures, que le plaisir était dans l’attente, dans l’échange, dans le désir, dans chaque pas. Chaque papillon au cœur les joues qui chauffent de s’approcher sans y arriver. Parce qu’on peut tout inventer sans être jamais déçus. Et il a approuvé sur l’instant.

Bien, qu’aucune réponse n’ait été bonne, on a tout remis en cause. De la religion à la société, en passant par les jardins publics et la courbure des hanches. Tout est remis en cause, sans bouger de place. Car dehors rien n’a bougé, glissé, tremblé.

La réalité attend à la porte, elle ne sonne même pas. Elle a l’air de rien pour qu’on ne l’accuse pas de s’imposer.

« J’aimerais, dans ce hors-du-temps rester, ne dépendre de rien pouvoir juste exister. S’échapper quand on le souhaite et se sentir vivants. Avec une formule magique secrète se réserver, ensemble des heures à rêver.

– Tu te souviens ? On se voit demain ? »

février 2, 2012
par myel
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Quand je suis sortie ce matin (!)

Quand je suis sortie ce matin… Avant de poursuivre notez bien l’utilisation quasi simultanée des termes “sortie” et “ce matin”, ce jour est donc à marquer au fer rouge  ou d’une simple croix sur le calendrier afin de cesser de penser à quelque chose de chaud et d’apposable contre la peau.

Quand je suis sortie ce matin, les cheveux mi-secs mi-encore-mouillés à cause d’un rendez-vous avancé d’un quart d’heure, j’ai affronté le vent polaire qui tourne lui aussi comme les voitures sur le périphérique que j’ai longé, mais aussi à coté, comme un couloir de vent le long des parois anti-bruit, anti-pollution, anti-rien-du-tout-moi-je-dis.

Quand je suis sortie ce matin, mes cheveux ont gelé, durs comme des baguettes à pouvoir prendre en main des mèches pétrifiée(s). Je me suis demandée : “Si j’essayais de les plier, est-ce qu’ils casseraient net ?” Mais j’ai pas osé essayer.

Voilà, c’était ma contribution au sujet “il fait froid en hiver”, je retourne écumer les jours.

Article sélectionné et importé des archives de mes anciens blogs, brut et sans commentaire.