Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

novembre 26, 2012
par myel
0 Commentaires

Chassez le naturel

Et j’ai eu le vertige.
Pas seulement à cause du rythme inhabituel dans lequel plongeait cette semaine, même si vivre de jour fût une drôle d’expérience.
Pas seulement à cause de la foule qui bouchait les allées où je venais.
Aussi et surtout par la nature de cette foule,  si agréable de prime abord. Ces femmes par milliers. A la recherche de fil, de perles, d’albums à scrapbooker, de papier à mâcher. Hm. Je dévie déjà.

En vrai j’ai mis trois jours à saturer. La chaleur s’imprégnait de tant d’hormones, synthétiques ; les néons éclairaient trop de ces doux sourires, polis.

Et j’ai eu le vertige.
Envie de caves, de sueur, de basses vibrantes et résonnantes. Envie de dentelle sur les hanches, d’un atelier pour faire des nœuds mais sur la peau.

Et j’ai eu le vertige.
Comme si j’avais quatre ans, que demoiselle d’honneur j’achevais la journée en sautant dans les flaques et roulant dans la boue. Tans pis pour la belle robe.

lace

Hormis ce temps de tourbillon, mes yeux englués du matin, et les palpitations du café-soda du dimanche, la semaine était belle.
Je la renouvellerai sans hésiter, d’un point de vue professionnel, en prévoyant un concert dans un bar plus vite que cinq vrais jours plus tard.
J’avoue aussi que j’ai quand même craqué, parmi les stands, sur un serpent et quelques clefs factices pour accrocher aux vraies ; sur des pendentifs argentés “nature” et du lacet de cuir pour les pendre à mon cou.

Enfin, une fois rentrée, les pieds en miettes, rattrapant tous mes mails et flux, je tombai sur ce clip d’Amanda Palmer : du maquillage qui coule, une jolie rousse, des guitares… parfait pour ma balance interne !

novembre 18, 2012
par myel
0 Commentaires

Novembre

Le jour n’a même pas daigné se lever de la semaine. A quoi bon ? murmure le soleil exilé derrière l’épaisse couche de brouillard captivant tout Paris.
On dirait juillet en plein pic de pollution mais sans chaleur.
Novembre est revenu, le ciel est blanc cassé.

Novembre est revenu.

Il était pourtant bien là le soleil, derrière les carreaux sales du tgv il y a dix jours. Vers le nord, oui encore. Il était là derrière les lignes entremêlées des rails, des caténaires, des vieilles coulures, des câbles électriques et de l’horizon.

tgv

A Lille et alentours j’ai pris ma dose de monde, de concerts, de retrouvailles, de petites robes, de fatigue et de jacuzzi, de nourriture pas bio et de nouvelles chaussures… De petits petits-déjeuners, de journées décalées de mon décalage naturel, de ces choses inhabituelles.

Sans être sensible à la pluie, à la grisaille, sans que l’atmosphère extérieure ne frôle mon humeur.
Alors qu’à Paris ça me tue que derrière mes carreaux je cherche à ce point la lumière. Que je marmotte sur la brume opaque masquant le second plan, de l’urbaine vue de mon balcon.

brouillard

Reste l’artificiel. Des étoiles sur la Tour Eiffel.
Des films manqués pour finir, à lire l’avenir dans un verre de bière. Et parler de chocolat chaud, hier.
A Paris j’aime surtout la nuit. A Lille aussi.

tour-eiffel-eclairee

novembre 4, 2012
par myel
1 Commentaire

Quatre-vingt dix-neuf

Les émotions sont floues. Profondes et lointaines, comme ces racines italiennes, secouées, par la mémoire de ses yeux récemment fermés. 

italie

Nous le disions d’un ton léger, comme un cliché. Le sentiment d’éternité qu’elle incarnait. Nous disions : “Elle n’a pas changé, elle a toujours ce visage, cette coiffure, ces robes, ce regard.” Tout était fidèle à chaque fois, à chaque trop rare visite le temps de vacances, sur chaque photo partagée. C’était un message rassurant, un repère, un pilier, elle nous était immuable. Elle ne pouvait pas disparaître, pourtant. La preuve que l’éternel n’existe pas nous est tombée dessus en même temps de novembre. Et ça chamboule mes croyances enfantines.

Je ne suis pas adulte dans sa maison à étages, à l’orée du village, perché dans ces montagnes au coeur de l’Italie. Je barbote dans la piscine gonflable sur la terrasse, je cueille des pois dans le jardin en pente raide qu’elle bêchait encore passés quatre-vingt ans, je monte à “la croix” dominant la vallée le vertige au ventre, je lis La ligne verte ou L’âge blessé. Tant d’images se bousculent. L’odeur de sauce tomate mijotant déjà au réveil, les pâtes fraîches coupées à la main, cuites au chaudron, les “patates italiennes” recette introuvable à base de parmesan, les mûres cueillies à même l’arbre, et l’eau fraîche à la source, le saucisson des Abruzzes et les scamorze à la table du soir. Les sorties à la mer, la rivière, le théâtre romain, les rues qui penchent tellement, le café du village, les promenades nocturnes, les chiens errants qu’on adoptait pour le temps des vacances. Et la chaleur de Rome, le choc de Pompéi. La langue hybride parlée dans la maison, pour se comprendre un peu. Les aventures entre soeurs, cousins, cousines, maman, oncles, tantes, grands-père, et sous la bienveillance de la génération qui nous précédait tous.

Je ne suis pas adulte là-bas car ma dernière visite aura bientôt dix ans. Déjà. Nous comptions sur l’année prochaine pour célébrer le centenaire et ce sera mon seul regret : compter sur l’avenir.

Je repense à la route qui symbolise ce lien, aux 1500 kilomètres dévalés en voiture, les départs avant l’aube, les frontières traversées, la Suisse et ses montagnes, le tunnel gigantesque menant à l’Italie. Longer la côte, dormir à Rimini, tremper ses pieds dans une mer pleine de crabes, tourner vers les montagnes, se rafraîchir à la fontaine précédant le village. Je repense à la route qui remonte vers la France, avalée le plus vite possible.

Je pense à l’histoire de cette route, à l’histoire de chacun, au déracinement, à ces vies qui resteront mystérieuses.

Je pense à ceux qui sont sur le retour, qui ont fait le voyage de cet adieu. L’éternité brisée rend chaque vivant bien plus fragile, bien plus précieux. Aucune magie ne protège ceux qu’on aime ? Aimons les maintenant.

octobre 28, 2012
par myel
0 Commentaires

Fin d’octobre sur fond musical

Cette semaine avait un fond musical, tournant autour d’un lieu rapprochant les refrains.

Mardi après-midi, découverte du sous-sol “Le Club” de la Bellevilloise, Paris 20ème. Micro-concert de Selah Sue recommandé par & accompagné de son plus grand fan à ma connaissance. Je découvrais les titres en direct, peu habituée à ce style musical, mais l’énergie et la justesse de ce petit bout de femme haut-perchée sur ses talons m’a convaincue ! J’espère juste ne pas apparaître à l’écran quand l’émission sera diffusée, Le Ring, sur France Ô, pas prochainement histoire d’oublier. Surtout qu’après avoir pris l’air et la fumée des autres quelques minutes dans la cour ensoleillée, le tournage enchaînait avec le showcase d’un rappeur : on a laissé aux amateurs les places du premier rang…

Mercredi soir, en boule dans ma chaise de bureau, sous une chaude couverture, je me laissais charmer par le live de Camille, retransmis en direct de l’Olympia. Envoûtée, blottie dans cette expérience virtuelle, passant du rire à des émotions plus profondes, j’aurais pu croire aux souvenirs le lendemain matin que j’y avais été, vraiment. Le live reste disponible pendant 90 jours sur le site ArteLive, parfait pour une fraîche soirée automnale…

camille-olympia
Jeudi j’étais revêtue d’une mission : trouver un endroit sympathique dans le 20ème pour passer la soirée avec une demoiselle quasiment inconnue et jamais rencontrée. Défi facilité par l’invitation du mardi, si vous avez bien tout suivi : La Bellevilloisepossède une autre salle, plus grande, plus accueillante : “La Halle aux Oliviers”. J’y avais vu Rodrigue en octobre 2009, l’indiquent ces images que je n’aurais pas su dater. J’étais surtout curieuse d’y retourner, d’y découvrir leur cuisine, une chanteuse inconnue, et une Miss-Lady s’exprimant par-cipar-là. Julia Biel ne nous a pas vraiment conquises, le burger a vite refroidi, mais la soirée fut douce, orangée, parsemée de petites lumières s’allumant sous les oliviers…

 

octobre 22, 2012
par myel
0 Commentaires

Indien

“Un indien… vaut mieux que deux Tuloras.” Déformation enfantine d’un proverbe qui me reste encore, au vu des années que j’ai mis à découper les mots correctement… Oui les tuloras sont une tribu indienne dissidente, peuplée de mécréants, qui valent donc moins que les indiens, les vrais.

J’ai aussi gardé des jeunes années (lilloises), le réflexe de dire “Il fait beau” devant le moindre rayon de soleil, même s’il fait -10°C dehors, tant que la lumière perce, qu’un bout de ciel bleu apparaît : il fait beau, et sortir devient irrésistible. Quand en plus la météo du midi (= celle du matin pour les classiques), annonce 24°C à Paris un lundi de fin octobre… je mesure combien le thème de la journée se tisse, et n’écris que quelques mots avant de filer profiter d’une balade “été indien”, même s’il ne dure qu’une courte après-midi.

L’autre indien qui nous teasait depuis plusieurs jours c’est celui de Rodrigue. Vous ne l’avez pas vu venir vous ?! Beaucoup plus sombre que Paris qui m’attend, beaucoup plus tourmenté, violemment possédé… Un clip à revoir en rentrant pour en capter les nuances, je vous laisse le découvrir, activez la HD, le plein écran, vissez un casque sur vos oreilles mais… “Attention chanson efficace”… elle se grave dans la tête !

Sur ces images hantées, je m’éclipse, avec mes nattes et des plumes aux oreilles.

octobre 17, 2012
par myel
0 Commentaires

Automotisme #5

Embrasement activé
source de tes pensées, sauvages, rembobinée
griffes arrachées au temps
nous offrent des nuages, charmants.

Sans ce persistant jeu
nous n’irions pas plus loin
que les écrins envers qui nous crachons.
Sans cette résistance, crieuse
nous ne caresserions aucun
de leur minimes repos.

Confiance interrompue
par la vue de tes hanches,
securité braquée
aux pieds de ta démarche,
enflammons avec joie
l’extrème audace, citée

Que nous restions en crime
façon lisière marine
ou que nous cabossions
quelques rimes au filon,
tout semble peu perdu
tout semble démêlé.

J’aurais pas dû sourire
dans la cage tu m’as vue
prendre un brin d’herbe rouge
et te la tendre au cou.

J’aurais pu m’engourdir.
J’aurais pu éclater.
Nous n’aurions pas autant
jubilé sans notre inconscient.