(Vendredi), d’abord il y a le souffle. On est là pour se positionner, faire des choix, s’ouvrir au monde puis se fermer à la plupart des possibilités.
Je suis une fille des opportunités. Ne l’est-on pas tous ? Les idées fixes m’effraient, me fascinent, j’aimerais en avoir, être convaincue et convaincante, pendant des années. Peut-on vraiment ? Oui sans doute quand on trouve une voie. Sans ça je navigue, veillant les chemins, traçant des aléas de mes petits pas, ce qui n’est pas rien, ce qui n’est plus le sur-place tétanisé d’il y a quelques années.
J’ai connu la liberté, j’ai connu le sentiment d’oppression. On m’a dit “tu es capable de tout”, et aussi que rien n’était assez bien. Pas en même temps, évidemment. S’éloigner du monde professionnel, des études et ne plus être évaluée, c’est ne plus savoir ce qu’on vaut. Et peu à peu j’ai pris peur de tout, de ne plus être à la hauteur, face à tout.
Je ne crains pas le vent, j’aime le terrain, l’inconnu, tant reste à découvrir. Et en même temps je cherche de la tranquillité, me planquer dans un coin sans demander mon reste. Dans la tempête on cherche une zone de confort. Sans la tempête on s’y endort.
Qu’ai-je appris aujourd’hui ? J’avais peur d’être ouverte à toutes les options, je sais désormais que je suis capable de restreindre à des essentiels. Que ma sélection n’est pas la même que celle du voisin, qu’un sens peut en sortir, aussi multiple soit-il.
Je ne suis pas ici pour parler concret, ce n’a jamais été le lieu, mais. Dans la recherche d’harmonie à cette étape de ma vie où tout roule en dehors du travail je voudrais aller vers. Un emploi stable, et s’il faut passer par des virages de découverte instable j’en ai encore un peu le temps. Un environnement rassurant et stimulant à la fois. De l’autonomie cadrée pour reprendre confiance en mes capacités. Un maximum de transparence et de sincérité dans les méthodes et les valeurs appliquées.
Bonjour les exigences. Bonjour l’acceptation des règles.
(Deux jours plus tard à tête reposée), je reviens sur l’équilibre. Une grande ligne est une option simple : on se rencontre, et toi tu fais quoi dans la vie, je travaille ici-bas. Tu te fais une idée carrée, on s’arrête là ou pas. L’équilibre en option c’est aussi l’histoire de ces pointillés, de ma vie, je suis tout à la fois. Ne plus raisonner en opposition, ne plus se faire un souci du fait d’aimer les chiffres et les lettres, les études et le grand air, l’effusion et les lignes pures. Tout mettre sur la balance, doser, ajuster… Ce qu’on ne fait pas au travail on le garde pour compléter sa journée.
Ainsi faire des choix c’est organiser. Faire de mes contrastes une force et gagner en maturité. Dire “je suis comblée je suis prête à donner”. S’ouvrir aux autres sans craintes de se diviser, de partager.
L’équilibre serait de distinguer ce que j’aime faire sans cadre, de ce que je sais faire d’utile. Un soulagement : se faire plaisir sans pression devient possible. Une évidence : mettre en lumière ce que j’ai réussi pour en accepter la logique. Une double-porte nouvelle, barrer l’idée toute faite qui dit que l’idéal c’est “trouve ce que tu préfères et donne-toi les moyens d’en vivre”. Quand on n’a pas de préférence c’est le pire des adages. J’embrasserai plutôt l’idée de ces facettes qui se côtoient pour créer du volume. Accepter d’être multiple et intégrée, tout simplement. Lâcher prise. Poser les armes. Cesser de voir un dilemme dans ce qui est richesse.
Faire un mille-feuille de la vie : de ses contraintes un agenda feuilleté, entrecoupé d’épaisses douceurs à la vanille. Et la déguster comme une chance.