L’avocat des causes amochées tira la chaise de son bureau et me figea de haut. Je m’assis comme le requérait fermement son regard. Figée d’encore plus haut je donnais pas cher de ma cause, mais il sourit, cynique, et se mit presque à mon niveau.
C’était pas beau à voir, quand j’ai entamé l’énumération de chacune de mes fautes, et de chacun des coups au cœur que j’avais encaissé. La maladresse, ma personnalité encline à l’imagination, l’hyperémotivité, la susceptibilité, et mon besoin permanent d’être rassurée, choyée, encouragée ; les scènes d’angoisse, les cycles de larmes et les portes cognées, les mots qu’on s’était jamais dits, les exigences raisonnées, l’enfermement dans une crainte nouvelle bourrée d’indécision, l’effondrement de la confiance en soi et cette sensation tangible de piétiner, de patiner, de ne pas avancer…
Oui j’ai fini en larmes, j’avais même commencé en larmes. C’était moche, c’était souillé, abîmé, incidenté, accidenté, c’était parfaitement ce pour quoi il était engagé.
Sauf qu’il a énoncé, son verdict d’un air chagriné : “Vous êtes indéfendable, jeune fille, vous ruinerez votre cause à mes côtés.”
- 18 / 03 / 2012 -
Cela me peur-panique de voir que ces brouillons réflexifs et semi-fictifs datent d’il y a plus d’un an, qu’il ressemblent tellement à la surface de l’an 2012, cet horizon figé de patin qui m’entourne en rond. Fallait les publier, maintenant, pour m’en débarrasser, mieux avancer.