Je suis sortie en robe, courte et légère. Et je l’ai vécu comme un défi personnel…
L’hiver me décomplexe, sous les robes noires voire sous les pantalons j’enfile une paire de collants et voilà, le ventre plat et les jambes de pin up. Par dessus (le marché) un manteau, ni vue ni connue je parcours Paris sans (trop) réfléchir.
L’été a déferlé d’un coup, et j’ai pris conscience de la phobie sociale de ma peau. Qu’il lui fallait une préparation psychologique avant de mettre le nez dehors. Une transition saisonnière ou bien bam le choc.
Quand je me suis retrouvée en manches courtes il y a quelques semaines j’ai senti ce malaise, de devoir tomber le manteau sans l’avoir prévu. Mes bras n’en sont pas revenus.
J’avais réussi à garder mes jambes secrètes jusqu’à ce soir. Quand ma tenue d’intérieur pas sortable n’admit pas d’être remplacée par un jean. En vrai c’est mon corps qui ne l’aurait pas permis, tant il fait de nouveau lourd. J’ai changé de robe mais pas pour plus longue. Une de l’année dernière un peu moins large qu’avant parce qu’il y a eu l’hiver. Glissé mes pieds dans des escarpins-chaussons. Et je suis sorti avant d’angoisser.
Et mes jambes ont pris l’air. Personne ne m’a jeté de pierres. J’ai quand même eu la trouille, des regards mais j’allais pas loin, juste à l’épicerie du coin. Peur qu’on raille mes gambettes blanchettes agrémentées de cicatrices des vingt-et-une piqûres qu’un insecte me fit au printemps (en une seule nuit) avant de disparaître. Sans doute d’overdose. Peur qu’on moque mes formes dans mon dos. Peur qu’on me trouve charmante surtout, qu’on trouve trop audacieux de sortir ainsi pour acheter du pain.
Depuis que je ne travaille plus j’ai perdu les repères sur ce qui est mettable en société. Est-ce admettable d’assumer un décolleté ? De vouloir paraître plus grande avec des jupes plus courtes ? De ne pas chercher à cacher toutes ces imperfections ?
Parfois j’aimerais juste être invisible.
C’était un post-courage avant d’aller faire ma valise pour un week-end débordant.