Joyeux Noël en écho dans la tête, la version Barbara, avec le Pont d’l’Alma. J’aime situer au début d’un courrier, l’environnement sonore même s’il n’a pas d’impact, même s’il n’est qu’intérieur, surtout s’il est intérieur car il écho-te encore plus fort.
Joyeux Noël, Joyeux Noël !
Qui dit qu’il est trop tard pour ces refrains…? Qu’on est samedi et surtout début février… ? Oui mais c’est vingt-deux heures à peine, et donc de circonstance. Ici le temps n’a pour effets que ceux d’en accoler les dates, j’voulais pas dire les peines, mais ceux d’approcher les obstacles ; je l’ai comme pour ainsi dire interrompu quand j’ai pas choisi. De faire de cette année un grand mur blanc avec tout à créer, parce qu’un mur était déjà là et bardé de secrets. J’ai rien cassé, je me suis adossée, j’ai respiré les possibilités puis sans le vouloir je n’ai pas choisi.
Il est rare aux yeux de n’importe-qui-ça-devrait-fonctionner d’avoir après quatre sauts de ligne, encore le choix du destinataire d’une lettre, on se dit qu’on avait bien l’temps, et bientôt signerait-on sans avoir osé prononcer “très cher” en titre. Faut voir. Si c’est acceptable en public on pourrait procéder ainsi. J’aime essayer d’écrire sans même penser à vous, ainsi les mots devraient bien se conduire. Et voilà les voilà qui glissent en t’imaginant sous la neige, j’aurais même rien dû sous-entendre.
Revenons à ce dos puisqu’il ne faudrait causer que de soi… Ce dos que vous auriez griffé pour y graver votre nom z’en miroir, pour que je ne lise qu’au matin combien l’on s’appartient… Voyez ! J’y arrive pas ! C’est un exercice d’abrutis que d’écrire à personne ! J’ai envie de mots séduisants, peignant des cheveux étrangers caressant mes épaules, balançant l’étincelle éclose dans le foyer patient de vos yeux pourtant bleus, questionnant sur le sens d’aimer, de désirer, de trembler de doutes et d’ivresse mais de vaciller sans chuter. Des mots libres et sans conséquences, autre que celle de bâtir un roman, pas une romance mais des bribes débridées valsant valsant valsant… J’aime à je, nous, vous inventer pour vous, m’écrire à défaut d’exister.
Revenons à ce dos puisqu’il faut s’y poser. Le problème n’est pas qu’il s’appuie au mur, mais qu’il a des yeux pour le voir, le mur, dans le dos et c’est moi qui capte l’image. Rien n’est plus usant que de regarder un mur sans volonté d’abattre, sans envie, juste avachi et décidant de s’en faire un ami. Il n’y a pas pire ami qu’un mur. Sauf pour mon dos qui a creusé son arrondi-nid confortable et se moque bien de ne pas voir où l’on avance. J’essaie de lui cacher qu’on n’avance pas. Mon dos et moi tu vois, très cher, c’est pas qu’une histoire sensuelle c’est aussi un peu de coups bas.
Voilà pourquoi je préfère quand vos yeux se posent, à l’orée de ma nuque déshabillant ma robe d’audace rien qu’en y pensant, si fort que j’attraperais froid dans le dos si nous n’étions pas au balcon, de ce coquet théâtre, à l’abri des vents et des yeux curieux qu’ils figeraient s’ils les surprenaient.
Il est un peu tard, ma foi. C’est finalement un exercice cocasse mais pas sans intérêt, d’écrire sans parler de soi ni des autres.
J’espère qu’arrivera le jour où vous lirez ces lignes.
Puisqu’il n’y a pas d’adresse n’ayons pas à signer.