Indiscretions et mutineries

version 2 ~golden hour

Les manies

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J’aime faire des listes, des plannings, de tout de rien, j’aime noter, annoter, faire exister, prévoir, organiser, classer, avec des mots surtout. Difficile à croire quand on sait le bordel le flou que je répands. La première manie justifie cet article, parfait, je peux continuer.

Quand je mange des petites choses [bonbons, olives, frites, cubes de tofu au sésame, câpres sur une tartine de moutarde, cacahuètes, amandes, pignons et autres graines], je les compte pour m’arrêter sur un multiple de trois. Ou plus simple, je les mange par trois. Il faut aussi que le multiple plaise à l’humeur du moment, par exemple là, douze j’aime bien.

# Même chose pour les gorgées de liquide. Qui parfois s’attribuent des multiples de sept. D’où la suite.

L’eau que j’avale tombe dans un gouffre sans fond : quand je commence à en boire, difficile de m’arrêter. Avec un verre à table je sais me tenir, mais si je goûte à une bouteille elle risque d’y passer*. Et certaines crises impliquent directement le robinet. Je me souviens, quand je travaillais et que personne ne rodait près de la fontaine à eau, je me servais un gobelet, je le buvais, pareil pour le deuxième, puis je remontais l’escalier entamant le troisième.

# La manie précédente fonctionne aussi avec le jus d’orange bien frais.

# Je ne peux résister à un nouveau carnet : une jolie couverture, des pages blanches, font déferler une tonne d’idées même si je sais, qu’il est fort probable qu’une fois acheté il reste blanc, comme tant d’autres, car je trouverais prétentieux d’y griffonner des brouillons, des billets pas finis, et car je sais que, si je l’entame, ça va durer trois jours et puis c’est tout. Ces raisonnements acquis n’empêchent en rien l’achat compulsif de carnets. Il me faut même alors un nouveau stylo/crayon qui deviendra son associé, pour marquer la journée.

# Dans les transports en commun je détruis la peau du bout de mes doigts. Quand je ne dors pas.

# Quand je marche il m’arrive d’avoir une phrase en tête, et de la répéter des dizaines de fois en rythme avec mes pas.

# Si je ne sors pas avec, un stylo, du papier blanc et ma cornaline, rien n’ira bien. Ajoutez si je vois quelqu’un, ma poudre bourgeois bio pour le teint et son miroir, mon tube interminable de crème pour les mains Nina, un labello rouge ; et mon portable, chargé de préférence, car souvent souvent il est lâche quand il faut pas. Sinon rien n’ira bien.

Je vois des visages et autres formes figuratives partout. Dans les nuages, classique. Mais aussi dans mon assiette, dans les flaques d’eau, les plaques d’égout, les feuilles, le crépis, le lino,  l’herbe et les feuilles, les sièges et le sol du métro…

Je lis tout ce que je vois.  C’est une manie depuis l’enfance quand j’apprenais à lire. Les panneaux, les publicités, la carte du restaurant, les affiches dans les salles d’attente, le nom de chaque station de la ligne de métro, le code de bonne conduite dans le bus… Tout y passe.

# Je pose des questions venues d’outre-conscient sans prévenir. Pas à n’importe qui, mais une fois dans mon cercle de confiance il faut s’attendre au pire quand je commence une phrase par “pourquoi”. Cette manie qui date elle aussi de l’enfance a traumatisé ma mère en voiture, et ceux qui ont partagé mon lit car ils savent, qu’elle se manifeste souvent juste avant de dormir.  Exemple en direct : pourquoi certains pays sont féminins (la France, la Belgique…) et d’autres masculins (le Danemark, le Japon…) ? Google apaise ce genre d’angoisse, merci.

# J’ai la mémoire des chiffres. Surtout des dates (merci le blog), et des prix quand je fais mes courses. Les caissiers doivent me trouver casse-pieds (ou d’une grande aide), car je rectifie les erreurs d’affichage de tous les produits bio : “Les yaourts sont à 0.89€ en rayon, pas à 0.92€, le beurre à 2.26 pas 2.32…”. Ce n’est ni exprès, ni pour grappiller quelques neuf centimes : tout s’imprime dans ma tête. Par contre je me trompe souvent quand je on me demande mon numéro de téléphone…

# Ah et sinon quand je suis seule, je parle. Toute seule, évidemment.

*Cet article est dédié au litre et demi de Cristaline  qui m’a inspirée avant de disparaître.

Article sélectionné et importé des archives de mes anciens blogs, brut et sans commentaire.

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