J’ai l’impression de voir filer le temps quand je n’écris pas. Déjà juillet, je n’ai rien vu venir! J’ai une mémoire catastrophique si elle ne se fixe pas sur des mots, des textes, à relire au cas où. Avant je retenais les dates, 18 mars, 5 décembre, ou au moins les mois, l’automne 2004, août et octobre 2005, la fin de décembre 2005, et depuis je n’écris presque plus. Sauf quand ça fait mal. Dommage. Je vis tant de sourires pourtant.
Je viens de finir “Le corps de Liane” de Cypora Petitjean-Cerf. L’histoire d’une famille de filles, de femmes, un peu comme la mienne en fait. La fille, sa copine d’école, la mère, la grand-mère, la femme de ménage et sa fille, et puis l’épicier, sa femme et son fils. Le récit traverse les années, de 80 à 89 et les personnages deviennent attachants. Liane a une manie : elle consigne tout dans un carnet. Les noms et prénoms, les marques de parfums testés, les repas, les petits événements de la vie quotidienne. Je n’ai jamais réussi à me tenir à ce genre de carnets, je l’ai fait par crises, dans des périodes de manque. Où j’avais besoins des mots, que ce soit écrit pour montrer que je vis, pour romancer tout ça aussi, un peu.
Besoin d’écrire pour garder toutes ces petites traces de vie. J’ai 20 ans et parfois j’ai peur qu’on m’oublie.
“T’es sûre d’être une fille, toi ?
– Hein? marmonna Roselyne en déchaussant ses tennis dans le vestiaire du gymnase.
– Est – ce que tu es sûre d’être une fille ? répéta Liane en forçant la voix comme si Roselyne était sourde. […]
– Bah oui ! Pourquoi ? T’es pas sûre, toi ?
– Non.
– Comment ça se fait, que t’es pas sûre comme ça ? s’inquiéta Roselyne.
– Je sais pas.
– C’est embêtant. Je vais y penser. Parce que c’est pas normal que tu sois pas sûre d’être une fille. Y faut être sûre !
– Pourquoi il faut ?
– Parce qu’y faut?, répondit Roselyne, catégorique. ”
Article sélectionné et importé des archives de mes anciens blogs, brut et sans commentaire.